Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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La première heure du cours du 7 avril s’est ouverte sur un réexamen du principe des possibilités alternatives (PAP). Après avoir exposé l’amendement de Harry Frankfurt, le principe *PAP selon quoi : « A person is not morally responsible for what he has done if he did it only because he could not have done otherwise », on a posé que l’archéologie du sujet-agent avait trait à quatre principes présupposés ou impliqués par PAP :

  • le principe aristotélicien de non-contradiction (PNC) : « Il est impossible que le même attribut appartienne et n’appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même rapport » (Métaph., IV, 3, 1005b19-20) ;
  • le principe de limitation de la toute-puissance divine (PLTD) : « Dieu peut faire tout ce qui ne comporte pas contradiction » ;
  • le principe aristotélicien de la nécessité conditionnelle du présent (PNCP) : « Tout être, quand il est, est nécessairement » (De int., 9, 19 a23-24) ;
  • le principe de plénitude d’Arthur Lovejoy (PP) : « Aucune possibilité authentique ne peut rester irréalisée (No genuine possibility can remain unrealized) ».

On a repris sur cette base le problème de la liberté du vouloir énoncé le 31 mars (première heure) : peut-on à la fois vouloir que p et nouloir que p ou vouloir que p et vouloir que non-p ? On a dans un premier temps exposé et analysé la réponse d’Abélard : à l’instant précis où il est le cas que non-p, il aurait tout aussi bien pu être le cas que p. La théorie de Duns Scot, que l’on a exposée ensuite, prolonge celle d’Abélard, en la radicalisant. Pour en rendre compte, on a présenté quelques thèses de Lovejoy, Hintikka et Knuuttila, permettant d’articuler principe de plénitude et modèle synchronique de la modalité. Il y a une redéfinition scotiste de la contingence. Ses deux caractéristiques majeures sont :

  • qu’elle est axée sur la synchronicité des possibilités alternatives ;
  • que le contingent y est présenté non plus comme un mode d’être, mais comme un mode d’agir subordonné à la volonté, i.e. comme un état « dont le contraire pourrait arriver au moment où il arrive ».

Aux questions de la liberté du vouloir : Sommes-nous libres de vouloir ce que nous noulons au moment où nous le noulons ? et Sommes-nous libres de nouloir ce que nous voulons au moment où nous le voulons ?, Duns Scot répond sans équivoque : « Oui ! ». Le fondement de sa réponse est ce que j’ai appelé la « formule de Scot » (FS) : « volens in a, potest nolle in a » (« qui veut en a – entendons : à l’instant a –, peut nouloir en a – i.e. à l’instant a »). La fin de l’heure a été consacrée à une analyse de cette formule « révolutionnaire » (Scot distinguant un sens composé et un sens divisé de FS), et à la manière dont elle est appliquée au problème de la liberté, en l’occurrence dans le cadre d’une hypothèse contrefactuelle : la réduction de l’existence de la volonté humaine à un unique instant (« si ponitur voluntatem esse tantum in uno instanti »).