Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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La première heure du cours a été consacrée au rapport Hegel-Heidegger chez Hyppolite. Le point central : la distinction entre discours sur l’être et discours de l’être. L’Esprit absolu de Hegel et l’Être requièrent l’être humain – le Da-sein – pour « se dire ».
De la question de la logique à la question du langage : le déplacement décrit par Hyppolite se lit aussi chez Heidegger. Pour illustrer ce point, on a rappelé le tournant de 1934 et le statut du « cours sur la Logique » du semestre d’été 1934 à Fribourg dans l’auto-interprétation de Heidegger. On a ensuite noté la proximité des thèses de Logique et existence avec celles de Vom Wesen der Wahrheit. De là on est revenu à Foucault, en posant trois questions :

  1. Qu’est-ce qui, des lectures foucaldiennes des années 50, articulées autour du « moment Corbin-Koyré » et du « moment Hyppolite », est passé dans le reste de son œuvre ?
  2. Jusqu’à quel point ?
  3. Jusqu’à quand ?

Pour répondre, il a semblé nécessaire de délimiter au préalable soigneusement le corpus d’enquête. Pour Foucault, il faut privilégier les Leçons sur la volonté de savoir, premier cycle de cours donné au Collège de France, en 1970-71, installant l’opposition entre Aristote et la sophistique, où se déploie la dimension nietzschéenne de la pensée de Foucault. Pour Heidegger, il faut considérer la quasi totalité du corpus. La confrontation de l’histoire foucaldienne de la vérité et de l’histoire heideggérienne de l’Être/Estre sur la question du rapport à la pensée médiévale implique de reprendre pour elle-même la question de l’évolution de Heidegger. Les leçons de l’année 2017 ne pouvant embrasser à la fois Foucault et Heidegger, on a annoncé que celles des semaines à venir seraient exclusivement consacrées à Heidegger sur un thème intitulé : « De la déconstruction à l’histoire de l’Être/Estre ». On a entamé ce parcours par une brève histoire de la « déconstruction ». On a rappelé le rôle de Derrida (de la Grammatologie à Corona vitae) et de Granel, reprenant les « mots heideggériens » de Destruktion et d’Abbau, puis on est passé à Heidegger. On a commencé par une présentation du plan quadripartite de la Gesamtausgabe, en dressant l’Inventaire des 16 textes constituant la « première partie » (Veröffentlichte Schriften 1910-1976) où s’inscrit la totalité des lectures foucaldiennes de première main. On a ensuite fixé le cadre général en lisant le manifeste de la « destruction » : le §6 de Sein und Zeit, contenant l’exposé programmatique de la « tâche d’une destruction de l’histoire de l’ontologie », qu’on a complété par le §18, avec l’annonce d’une « destruction phénoménologique du cogito sum », et le §21, intimant une « destruction phénoménologique » et une « discussion herméneutique de l’ontologie cartésienne du “monde” ». Cet horizon mis en place, on a entamé l’examen détaillé de la « déconstruction » avant Sein und Zeit, l’essentiel du corpus étant constitué par les cours rassemblés dans la seconde partie de la Gesamtausgabe (Vorlesungen 1919–1944).