Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
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Le système nerveux central est un organe précieux et fragile, car très peu renouvelable. Il est l’objet de ce fait d’une protection particulière à l’égard des microorganismes à travers une barrière anatomique séparant circulation sanguine et parenchyme cérébral. Toutefois, il existe au sein de celui-ci des cellules résidentes qui représentent une première ligne de défense en cas d’infection : la microglie. De plus, l’ensemble des cellules du système nerveux dispose de capacité de réponse immune innée. En périphérie, dans les espaces périvasculaires et les lymphatiques périvasculaires circulent des lymphocytes et des cellules dendritiques mobilisables. Un grand nombre de microorganismes sont susceptibles de provoquer des infections des compartiments méningés, du système ventriculaire et du parenchyme responsable d’infections potentiellement sévères par les lésions irréversibles engendrées. Des pathogènes pénètrent soit comme hôte de cellules myéloïdes soit en ouvrant la jonction entre cellules endothéliales de la barrière hémato-encéphalique soit encore en infectant ces cellules. Au sein du système nerveux, les cellules de la microglie qui tapissent l’ensemble du parenchyme détectent les signaux de danger associés à la présence de microorganismes via les différentes voies de l’immunité innée. Sont ainsi rapidement produits des médiateurs pro-inflammatoires et chimioattractants de macrophages, polynucléaires et lymphocytes. On sait que des voies de l’immunité innée exercent un rôle déterminant dans le contrôle de certaines infections. Ainsi la voie induite par la reconnaissance d’acides nucléiques par le récepteur endosomal TLR3 est essentielle au contrôle de l’infection par le virus herpès simplex.

Une problématique majeure de la réponse immune antipathogène au sein du système nerveux concerne les conséquences délétères possibles de la réponse immune sur le système nerveux (SN). On sait que beaucoup d’infections du SN – méningites ou encéphalites – sont responsables de séquelles graves en partie du fait de la réponse immunitaire, de la toxicité neuronale des cytokines et des produits de l’immunité innée (protéases, cytokines, radicaux oxygène). S’y ajoute la possible génération de réponses auto-immunes comme décrite au décours d’infection herpétique par production d’auto-anticorps dirigés contre des récepteurs synaptiques, possiblement par mimétisme moléculaire. Toutefois, la microglie et les macrophages au décours du contrôle d’une infection produisent une série de molécules, d’une part, anti-inflammatoires et, d’autre part, impliquées dans les mécanismes de réparation : régénération axonale, remyélinisation. Cet équilibre subtil, dont la régulation est encore mal connue, est susceptible d’être mis à mal dans le développement de pathologies neurodégénératives.