Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
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Ce cours, le suivant ainsi que les deux séminaires qui les accompagnent (voir infra) porte sur les particularités des infections par les microorganismes à développement intracellulaire et des modalités de la réponse immune. Les cas de quatre microorganismes ont été discutés : les bactéries Salmonella, mycobactéries, Brucella et Listeria.

Les salmonelles sont des bactéries à Gram négaif, parasites facultatifs des macrophages. Elles provoquent, en fonction des types (typhi/paratyphi et non typhi), respectivement la fièvre typhoïde ou des pathologies infectieuses intestinales. La salmonelle typhi est endocytée par les cellules M de l’épithélial intestinal et les cellules épithéliales elles-mêmes. S’ensuit une dissémination extracellulaire et l’infection (par phagocytose) des macrophages et cellules dendritiques associées au système immunitaire de l’intestin. Les réponses immunes impliquent l’immunité innée via les récepteurs des familles TLR et NLR (inflammasome). Ces derniers sont activés par des produits bactériens dont la flagelline dans le cytosol des cellules épithéliales. En plus de la réponse inflammatoire, l’inflammasome conduit à l’expulsion dans la lumière intestinale des cellules infectées. Des modèles d’infection expérimentale chez la souris ont démontré l’importance de ce mécanisme de défense dans le contrôle de l’infection par Salmonelle. L’immunité adaptative est également mise en jeu conduisant à l’induction de mécanismes de mort cellulaire de Salmonella au sein de macrophages via la sécrétion de l’interféron γ par les lymphocytes TH1 et le recrutement de polynucléaires neutrophiles par l’IL17 produite par les lymphocytes TH17. Des modèles expérimentaux ont là aussi démontré le caractère essentiel des lymphocytes T et de ces populations dans le contrôle de l’infection. Chez l’homme, le défaut génétique en IL12p40 ou en chaîne b1 du récepteur de l’IL12 provoque (entre autres) une prédisposition aux infections par Salmonelle du fait du défaut conjoint d’activation des lymphocytes TH1 (production d’interféron γ) et TH17.

Un élément essentiel de la protection contre l’infection par Salmonelle consiste en la compétition avec la flore intestinale commensale. Il a été récemment montré que la flore de souris adulte (mais pas de nouveaux-nés) protégeait contre l’infection par Salmonelle grâce à la présence de Clostridium qui crée un milieu défavorable à Salmonella. Comme tous les microorganismes, Salmonella a développé au cours de la coévolution avec l’homme des facteurs de résistance multiples aux effecteurs des immunités innées et adaptatives. Salmonella peut « profiter » du transfert horizontal par infection par un phage qui confère un facteur de virulence. La réponse inflammatoire paradoxalement favorise la production du phage et le transfert propice à l’acquisition de la virulence. Un des intérêts de l’étude de la réponse immune à Salmonella est d’aborder l’hypothèse du rôle de l’infection chronique comme facteur d’induction d’une pathologie inflammatoire chronique de l’intestin. Expérimentalement, un mécanisme moléculaire susceptible de rendre compte d’un tel lien a été mis en évidence.