Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
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Le cytomégalovirus (CMV) est un virus à ADN double brin qui fait partie de la famille des herpèsvirus (HHV5). Il est responsable d’une maladie bénigne ou asymptomatique dans l’immense majorité des cas. En revanche, il provoque une maladie sévère chez le fœtus et les personnes immunodéprimées. Ce virus est persistant et sa réplication est sporadiquement réactive. Environ 60 % de l’humanité est infectée par le CMV. La contamination se produit par les sécrétions. Cellules épithéliales, endothéliales, monocytes et macrophages en sont les cibles cellulaires principales. Il est probable que l’infection latente se produise au sein des monocytes et des progéniteurs hématopoïétiques. Parmi les cellules impliquées dans la réponse immune anti-CMV, il convient d’évoquer le rôle des lymphocytes Natural Killer (NK) qui sont activés en particulier par la reconnaissance de la molécule HLA E associée sans doute à un peptide stabilisant issu du CMV. NKG2C est le récepteur activateur concerné. D’autres signaux concourent à l’activation des cellules NK, ces dernières agissent en tant qu’effecteurs de l’immunité anti-CMV par production d’interféron γ et cytotoxicité des cellules infectées. Les lymphocytes T exercent une fonction essentielle de protection contre CMV en particulier par leur fonction cytotoxique. Les formes sévères d’infection à CMV chez des sujets transplantés peuvent être ainsi contrôlées par immunothérapie adoptive consistant en des lymphocytes T anti-CMV. La détection dans le sang de lymphocytes T anti-CMV à l’aide de tétramères montre que ces cellules représentent une fraction importante de la population T (de l’ordre de 9 à 10 % des T mémoires) indiquant la place de l’infection chronique par CMV (épisodes de réactivation) dans l’équilibre des réponses immunitaires. L’accumulation de ces cellules peut s’observer sous forme de lymphocytes T « épuisés » chez les personnes âgées, d’efficacité moindre à l’égard de l’infection par le CMV. Les mécanismes moléculaires responsables de ce phénomène, observés dans d’autres infections virales chroniques commencent à être identifiés. Il a été de plus montré que le fait d’être porteur du CMV modifie significativement l’architecture du système immunitaire comme observé en comparant des jumeaux vrais discordants pour l’infection à CMV. Sont principalement concernés les lymphocytes T γ/δ, en T CD8 effecteurs et les polynucléaires neutrophiles. De façon surprenante, il a été montré chez l’homme et la souris que l’infection chronique par le CMV favorise l’efficacité de la vaccination antigrippale chez les adultes jeunes, via une immunité « hétérologue », conférée par la production d’interféron γ induite par l’infection chronique à CMV. Néanmoins, il est également possible que l’infection chronique à CMV mal contrôlée (voir supra) soit délétère chez le sujet âgé du fait en particulier de l’infection chronique de cellules endothéliales, l’inflammation engendrée et un risque accru de pathologies vasculaires. L’infection par le CMV représente un modèle illustratif des conséquences possibles d’une infection chronique sur l’équilibre du système immunitaire en général.