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Dans le cours de l’année dernière (2013-2014), nous nous sommes demandé en quoi se justifie la qualification d’« humanisme » désormais appliquée de manière conventionnelle et routinière à l’enseignement de Confucius. Et, si « humanisme » implique « universalité », en quoi l’humanisme confucéen peut-il prétendre à l’universalité, au sens où on l’entend des religions de type universaliste, comme le christianisme, l’Islam ou le bouddhisme ? Derrière cette question se profile inévitablement celle de savoir si le confucianisme est à ranger dans la catégorie « philosophie » ou dans celle de « religion », sempiternelle et lancinante question qui nous poursuit encore aujourd’hui. Au cours de ces dernières années, nous avons retracé les tribulations de Confucius et de son enseignement, déplacés comme des pions sur l’échiquier de la géographie intellectuelle européenne moderne : Confucius est ainsi passé tour à tour du philosophe rationaliste des Lumières du XVIIIe siècle au rôle de chef religieux dans l’Europe du XIXe, une fois que l’identité intellectuelle européenne s’est constituée autour de ses origines grecques et de la « philosophie  » entendue comme activité professionnelle menée dans le cadre institutionnel nouveau des universités modernes. Origine grecque et catégorie de « philosophie » dont la Chine s’est trouvée doublement exclue, ce qui a eu pour conséquences : d’une part, l’invention française d’une nouvelle discipline académique dans la première moitié du XIXe siècle, la « sinologie », et, de l’autre, la caractérisation du « confucianisme » comme religion par la « science des religions » qui prend naissance en milieu anglophone dans la seconde moitié du siècle.

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