Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Quinze leçons ont été données sous ce titre, qui pouvait prendre deux ou trois sens compte tenu de la valeur subjective ou objective du génitif. D’une part, au sens subjectif, il s’agit de la mémoire dont la littérature est l’agent, donc de ce dont elle se souvient ; d’autre part, au sens objectif, il s’agit de la mémoire dont la littérature fait l’objet, donc de ce qui se souvient d’elle.

Au premier sens, la littérature comme mémoire s’oppose à l’histoire, ou à l’historiographie dans son progrès chronologique. Tout, ou à peu près, se retrouve dans une œuvre comme celle de Proust, mais sans ordre, quelque part, comme dans une somme intégrale de la culture, non seulement les événements les plus importants, qu’on dit « historiques », comme l’affaire Dreyfus ou la Grande Guerre, mais aussi les « potins » les plus insignifiants. Le narrateur vient d’en entendre un dans un salon : « Ce “potin” m’éclaira sur les proportions inattendues de distraction et de présence d’esprit, de mémoire et d’oubli dont est fait l’esprit humain ; et je fus aussi merveilleusement surpris que le jour où je lus pour la première fois, dans un livre de Maspero, qu’on savait exactement la liste des chasseurs qu’Assourbanipal invitait à ses battues, dix siècles avant Jésus-Christ » (I, 469 [1]).

Au deuxième sens, la littérature est l’objet de la mémoire et l’on se souvient d’elle. On connaît des poèmes par cœur, on peut raconter l’intrigue d’un roman qu’on a lu il y a longtemps. Le docteur du Boulbon interroge la grand-mère du narrateur sur l’œuvre de Bergotte : « Je crus d’abord qu’il la faisait ainsi parler littérature parce que, lui, la médecine l’ennuyait […]. Mais, depuis, j’ai compris que, surtout particulièrement remarquable comme aliéniste et pour ses études sur le cerveau, il avait voulu se rendre compte par ses questions si la mémoire de ma grand-mère était bien intacte » (II, 597-598).

Références