Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
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Deux têtes en bronze, de lapin et de rat, firent l’actualité de 2009, vendues aux enchères publiques à Paris, lors de la vente de la collection Saint Laurent. Une caricature chinoise donnait un sentiment à ces têtes, les faisant pleurer et prononcer la réclamation suivante : « on veut renter à la maison ». Ce cours retrace l’histoire des têtes du zodiaque, depuis leur création à Pékin au XVIIIsiècle jusqu’au XXIsiècle, sur le marché de l’art. Elles arrivèrent en Europe après la prise du Palais d’Été. La France, en effet, s’était alliée au Royaume-Uni contre la Chine, lors de la seconde guerre de l’opium : en décembre 1857, l’expédition franco-anglaise s’empara de Canton et, deux ans plus tard, les troupes pénétrèrent dans Pékin. Le 18 octobre 1860, elles pillèrent le Yuanmingyuan ou Palais d’Été, résidence et le centre administratif des empereurs chinois, depuis le règne de Qianlong, entre 1735 et 1796. Le butin arriva en Europe en janvier 1861. Aujourd’hui, des objets issus de façon plus ou moins certaine de ce pillage ressortent sur le marché de l’art. Ce cours étudie le discours sur ces œuvres, et l’origine des voix qui émettent des réclamations. Si les autorités chinoises réclament le retour de ces objets, issus du pillage du Palais d’Été, tout comme la majorité des voix de l’opinion publique, d’autres discours sont également tenus. C’est le cas de l’artiste Ai Weiwei et de son équipe, qui ont créé des répliques de ces douze têtes du zodiaque et qui les ont exposées dans le monde entier en 2006-2009. Dans son blog, Ai Weiwei accuse les autorités chinoises d’instrumentaliser la question des restitutions, pour détourner la population chinoise des vrais problèmes de la Chine, et il explique que l’art, au contraire, est fait pour circuler. À la suite de la vente Saint Laurent, il mit en vente les reproductions géantes de ces têtes, qui atteignirent également des prix records. Cet exemple nous montre à quel point le marché est lié à la question des translocations.