Voir aussi :

Dans le cadre de la chaire d’Histoire culturelle des patrimoines artistiques en Europe, XVIIIe-XXe siècle, Bénedicte Savoy et Yann Potin (Archives nationales, université Paris Nord) organisent une journée-atelier composée de quatre tables rondes. 

Le questionnaire de l’ethnologie, comme celui de l’anthropologie de l’art, a depuis longtemps abordé la transmission des objets sous l’angle de leur « vie sociale » (Arjun Appadurai, Daniel Fabre, Thierry Bonnot, etc.). Cette personnalisation de l'objet confine à l’anthropomorphisme, avec comme lointaine matrice le modèle symétrique de la « relique », soit le corps fait objet : figure rhétorique bien connue depuis l'Antiquité, l’objet ventriloque, doté d’un nom et de propriétés sensibles et émotives (plaintes et pleurs, sinon volonté et désirs). À l’instar des furta sacra étudiées par Patrick Geary, la personnalisation des objets présuppose – ou prétend faire croire – qu’ils sont doués d’une intentionnalité. Cette personnalité supposée vise à exprimer les modalités de la sur-vie des objets, sans rarement poser la question des attendus juridiques possibles d’une assimilation imaginaire, mais dont les effets sont réels et les enjeux souvent politiques. À l’heure où le monde naturel s’invite sur la scène du théâtre du droit, peut-on envisager « un droit des objets à disposer d'eux-mêmes » ? L’évolution contemporaine des pratiques et des émotions liés aux patrimoines déplacés, à l'échelle internationale, offre un prétexte à réflexion pour un bouquet de tables rondes. Il s’agira d’y confronter les points des vues des acteurs, conservateurs, et experts du patrimoine. Comment décrire le phénomène dans la longue durée historique ? Comment appréhender pour les musées, les bibliothèques, sinon les archives, une telle fiction symbolique et juridique ?

Programme