Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
-

1. On a commencé par rappeler le sens du retour des vertus en morale et en épistémologie, qui s’est opéré en réaction aussi bien au conséquentialisme qu’au déontologisme kantien et qui s’est traduit par un retour aux vertus aristotéliciennes en éthique et en épistémologie où l’on a mis l’accent sur les facultés cognitives fiables, les vertus intellectuelles, la responsabilité. Cela a donné plusieurs programmes, un programme faible dont le but était d’intégrer ces éléments dans un cadre classique, ou fort, puisqu’il s’agissait de changer radicalement de modèle en prônant une « épistémologie des vertus », dans le cadre d’une approche centrée ou fondée sur l’agent. On a ainsi assisté à une restructuration du domaine, à un élargissement de la connaissance et de la vérité à d’autres valeurs comme la compréhension, ou l’épanouissement de vertus intellectuelles associées à des vertus morales. Mais cela règle-t-il pour autant les problèmes de définition de la connaissance et de sa valeur et cela répond-il aussi au défi sceptique ?

2. On s’est alors attaché à analyser ce qu’il faut entendre par « normativité épistémique » et on a rappelé, en suivant P. Engel (2007) quelques définitions. Tout d’abord, on peut entendre par normes et normes épistémiques, des normes ou des règles de signification, des normes propres à des concepts, des engagements ou des réquisits normatifs de rationalité, des justifications ou des raisons qu’on peut avoir de croire telle ou telle proposition, des normes générales de la connaissance et de l’enquête. Ensuite, il faut se poser la question des liens entre normes et valeurs, de leur priorité, de leur réduction des unes aux autres – et si oui lesquelles ? En troisième lieu, il faut préciser le sens des concepts de normes, de rationalité et de raisons. On évoque des raisons d’agir et des raisons de croire : jusqu’où peut-on pousser le parallèle ? En quatrième lieu, que faut-il entendre par la norme de rationalité ? On a vu que cela répondait à deux exigences : celle de cohérence et celle de clôture déductive :( a) on ne doit pas croire p et non-; (b) on doit croire q si on croit que p et que p implique q. On a évoqué les problèmes que soulèvent des normes de haut niveau : comment analyser la force et la liberté normatives (où passe la limite de que l’on peut ou doit enfreindre ?) ? Comment entendre la portée large et la portée étroite (détachement ou non-détachement) des normes ? Quels liens y a-t-il entre des exigences rationnelles et ce qu’on entend par raisonnement psychologique ? S’agissant, en cinquième lieu, de la régulation normative, et de l’objectivité normative : comment les normes guident-elles ou gouvernent-elles ? Les normes se réduisent-elles à des règles ou à des conventions ? Enfin, on a soulevé la question de la naturalisation possible des normes épistémiques : les normes « surviennent »-elles sur des faits naturels ? En quoi consiste la normativité du mental ? Faut-il parler d’une « hiérarchie » entre les états mentaux ? Quels liens établir entre connaissance et métacognition ? Comment répondre au problème de l’intégration des normes épistémiques dans une conception naturaliste du monde ?