Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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1. On a commencé par présenter un modèle « pragmaticiste » de la connaissance comme enquête et ayant pour visée ou pour idéal la connaissance (Tiercelin, 2005), suivant le schéma général suivant, qui propose, cette fois, non pas des conditions nécessaires et suffisantes (exigence à notre sens trop forte) mais des contraintes sur la connaissance :

(K) S sait que P si :

a) S croit que P (la croyance étant moins un état mental interne qu’une disposition à l’action) ;

b) P est vrai (la vérité étant elle-même conçue sur le mode de l’assertabilité garantie à la limite idéale de l’enquête (Peirce, Dewey, Ramsey), ou sur un mode purement redondantiste (Ramsey) : la vérité en soi est métaphysiquement neutre, ce qui compte est ce qui va avec (nos assertions, nos investigations) ;

c) S est le plus souvent (en raison du risque toujours présent du faillibilisme) justifié à croire que P, i.e., essentiellement :

1) « S croirait que P si et seulement si P était vrai (principe de sûreté de Sosa ; mais aussi principe de sens commun, reidien, peircien, mooréen) ;

2) Si P n’était pas vrai dans des circonstances pertinentes, S ne croirait pas P (principe de « sensibilité » plutôt que de sûreté) ; au cas où nos croyances jusqu’à présent bien établies rencontreraient le choc d’expériences « récalcitrantes », alors nous devrions nous tenir prêts à « rejeter toute la charretée de nos croyances » (sur le modèle du sens commun critique de Peirce).

3) Si dans d’autres circonstances pertinentes, P était toujours vrai, S croirait toujours que P (conditions « contrefactuelles » formulées par Nozick), traduisibles dans les leçons à tirer de la maxime pragmatiste selon une lecture subjonctive du conditionnel. Pour parvenir à déterminer la signification de la dureté du diamant, nous pouvons toujours traduire l’énoncé en un ensemble de conditionnels : « Si on pressait le diamant, il ne se briserait pas » (réalité du « would-be » ou de la disposition).

4) S est justifié à croire que P par un processus causal fiable approprié (cf. A. Goldman : sont donc exclues les situations contrefactuelles non pertinentes), la fiabilité du processus faisant elle-même l’objet d’une confiance (trust) de notre part en nos facultés cognitives (intellectives et actives) (cf. Reid, Peirce, Sosa et Greco) et en certains principes (crédulité, valeur du témoignage, mais aussi transparence des normes épistémiques de vérité ou de la connaissance comme norme de l’assertion et non l’inverse).