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Le cours de l’année 2014-2015 a porté sur la connaissance pratique, cette modalité de la connaissance que nous avons spontanément tendance à distinguer de (voire, à opposer à) la connaissance théorique, et qui, pense-t-on, recourt à des formes d’intelligence ou à des capacités cognitives différentes. Pour lire un livre, il faut connaître l’alphabet, le sens des phrases, savoir analyser, faire preuve de réflexion, marque de notre raison et de la puissance de notre intellect. Pour nager ou lacer nos souliers, pour être guidés dans nos actions, nous avons surtout besoin de sens pratique, de « jugeotte », ou de « gingin », d’un « esprit manuel », forme de l’intelligence souvent dévalorisée et à laquelle on réserve, du reste, tâches et professions subalternes. Il s’agissait donc de se demander si nous avions raison de distinguer, d’opposer ces deux modalités de la connaissance, voire de réduire l’une à l’autre. Faut-il considérer que ce sont des capacités cognitives différentes qui président, dans un cas, à notre action et, dans l’autre, à notre réflexion ? Que la connaissance pratique obéit à des règles qui ne sont pas du même ordre que celles qui régissent la connaissance théorique ? Que le savoir faire – savoir comment (knowing how) – n’est pas du même type que le savoir propositionnel (savoir que, knowing that), bref, que nous ne savons pas au même titre quand nous savons comment mettre une chaîne sur un pneu et qu’il y a aujourd’hui, de forts risques d’avalanche ?

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