Salle 5, Site Marcelin Berthelot
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La connaissance est-elle hétérogène, ou faut-il admettre à la suite de Gilbert Ryle un dualisme entre le savoir théorique et le savoir-faire ? La question a une origine ancienne, mais elle est toujours d'actualité, comme en témoigne la défense récente d'une forme sophistiquée d'intellectualisme, selon laquelle le savoir-faire n'est qu'un cas particulier du savoir théorique.

Dans cet exposé, je me propose d'aborder cette question dans le contexte du programme de la cognition située. J'insisterai sur la relation entre le savoir-faire et la perception des « affordances », et leur rôle dans l'ancrage d'un agent dans une situation spécifique. Je défendrai l'hypothèse selon laquelle ce qu'un agent sait quand il sait faire quelque chose peut être entièrement décrit en termes propositionnels, sans que le savoir-faire ne se laisse réduire à un savoir théorique. Cette hypothèse se place à un niveau intermédiaire entre un dualisme strict de la connaissance et l'intellectualisme sophistiqué.

Jérôme Dokic

Jérôme Dokic est philosophe, directeur d’études à l’EHESS depuis 2004. Il est membre de l’Institut Jean-Nicod (CNRS-EHESS-ENS).

Il a publié de nombreux essais principalement dans le domaine de la philosophie de l’esprit et des sciences cognitives. Parmi ses ouvrages, on peut citer La philosophie du son (avec Roberto Casati ; Chambon, 1994), L’esprit en mouvement. Essai sur la dynamique cognitive (Stanford, 2001), Ramsey. Truth and Success (avec Pascal Engel ; Routledge, 2002) et Qu’est-ce que la perception ? (Vrin, 2004, 2009).

Recherches

Jérôme Dokic travaille sur des thèmes d’intérêt philosophique mais qui concernent de près les sciences cognitives. Un volet de son projet actuel se rapporte à la phénoménologie affective qui accompagne notre expérience du monde, en tant qu’elle est constituée de sentiments de présence, de familiarité ou de confiance, et leur opposé (le sentiment d’absence, ou le sentiment d’Unheimlichkeit mis en évidence par Freud). Il a étudié ces phénomènes dans le cas de la perception ordinaire, de la perception pathologique (déréalisation, Parkinson, syndromes de Capgras et de Fregoli), de la réalité virtuelle et de la substitution sensorielle (à savoir les dispositifs techniques qui permettent de pallier l’absence d’une modalité sensorielle, telle que la vue ou l’audition). Un deuxième volet a trait aux phénomènes perspectivaux dans la perception, l’imagination et la mémoire, c’est-à-dire à la nature et au rôle du point de vue (par exemple, acteur ou observateur) dans la présentation perceptive et la recréation imaginative ou mémorielle. Enfin, un troisième volet est l’étude de la dimension sociale de la perception, notamment quand elle se manifeste sous la forme d’« affordances sociales », à savoir des occasions d’agir ensemble plus ou moins directement perceptibles.

Intervenants

Jérôme Dokic

EHESS, Paris