Pascal Engel
Selon le cognitivisme littéraire il y a des vérités littéraires et la littérature, y compris la fiction, apporte une forme de connaissance. Cette thèse se heurte à des objections familières, qui ont conduit ses défenseurs à l’affaiblir ou à la rendre triviale. L’autre option consiste à soutenir que la connaissance littéraire est une connaissance pratique, d’un type fondamentalement différent de la connaissance propositionnelle de vérités. C’est la thèse que j’entends défendre, mais en la modifiant sérieusement : la connaissance littéraire est une connaissance pratique, mais propositionnelle. La thèse de Stanley et de Williamson (2001), qui réduit le savoir pratique au savoir propositionnel, bien qu’elle se heure, dans les cas usuels, à des difficultés majeures, pourrait bien être correcte dans le cas de la connaissance littéraire, parce que la littérature ne véhicule pas des savoirs pratiques directement, mais indirectement, par descriptions ou modes de présentation pratiques. Je suggèrerai que cela peut s’appliquer à quelques exemples littéraires.
Pascal Engel est philosophe, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales depuis 2012, membre du Centre de recherches sur les arts et le langage.
Il a écrit sur la philosophie de la logique, la philosophie du langage, la philosophie de l’esprit, et sur la théorie de la connaissance. Ses derniers ouvrages sont Les lois de l’esprit, Julien Benda ou la raison, (Ithaque 2012) et Verità, credenza, voluntà (Jouvence, Milano, 2014) et Philosophy of Psychology (à paraître).
Recherches
Les travaux actuels de Pascal Engel portent sur les relations de la croyance, de la connaissance et de la vérité. Il s’interroge et sur la nature des normes qui régissent la connaissance et la croyance, et ses travaux récents portent sur la sémantique, l’ontologie et l’épistémologie de ces normes, sur leurs relations avec les valeurs, y compris pratiques, et sur le domaine des raisons en général. La conception des normes qu’il essaie de défendre est réaliste, et cognitiviste. Plus récemment, il a essayé de développer les conséquences de cette conception dans le domaine de la philosophie de la logique, de la philosophie de la littérature, et de l’épistémologie sociale.
