Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

La cause est entendue : le rationalisme pris dans son sens le plus large, autrement dit la conviction, en elle-même assez vague, selon laquelle la "raison" demeure notre meilleur mode d'accès possible à l'intelligibilité du monde en général et de la condition humaine plus spécifiquement, n'est en droit tributaire d'aucune conception métaphysique en particulier. On voudrait néanmoins soutenir en premier lieu qu'en dépit des apparences, il ne saurait y avoir d'avenir pour le rationalisme, ainsi compris, sans que soit pris au sérieux son soubassement métaphysique. Les apparences : il n'est pas forcément besoin d'aller aussi loin que Husserl, dans la Krisis, qui affirme que la "figure du développement de la ratio en tant que rationalisme de la période des Lumières a été, aussi concevable fût-il, un égarement" pour constater qu'en tout cas, et de façon paradoxale, le développement d'une forme nouvelle de rationalité au cours de la même période s'est accompagné de la remise en cause progressive des présupposés tant épistémologiques que métaphysiques du rationalisme sous la double forme – méta-philosophique et épistémologique – qu' il avait pu revêtir au siècle précédent. Le paradoxe atteint sans doute son point culminant au XXe avec le Cercle de Vienne, dont le rejet fameux de la toute forme de métaphysique n'a d'égal que la défense, becs et ongles, de l'idéal initial de l'Aufklärung.

Aujourd'hui, et alors même qu'occupent provisoirement le devant de la scène - en-dehors du champ de la philosophie comme, hélas, dans son sein - diverses formes d'irrationalisme plus ou moins bien déguisés sous divers atours,  la question se pose avec d'autant plus d'acuité des rapports entre ce qu'il faut regarder dorénavant comme une sorte de  programme collectif visant à une rédéfinition de la "raison", elle-même en accord avec l'évolution scientifique de cette notion et l'examen aussi bien de ses présupposés que de ses enjeux métaphysiques. C'est à l'avancement de ce programme que l'on souhaiterait  très modestement contribuer en s'interrogeant plus particulièrement sur les liens, à la fois naturels et néanmoins problématiques, entre une théorie (en partie) normative des concepts et certaines théories métaphysiques récentes au sujet des "essences" et des catégories.

Intervenants

François Clementz

université Aix-Marseille