Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Extrait de l'introduction (transcription)

Je voudrais commencer par quelques mots d'introduction pour vous dire ce que je pense de la question des relations souvent conflictuelles entre science et société. L'idée de ce colloque est venue du constat que la science, dont les inventions ont pourtant joué un rôle essentiel dans l'amélioration des conditions de vie de l'humanité, notamment au cours du dernier siècle, que l'on songe à l'allongement de la durée de la vie, au contrôle des épidémies, au développement de l'agriculture qui permet de nourrir une population qui fut longtemps en croissance exponentielle, à l'évolution extraordinaire des moyens de transport, de communication et d'information. La science malgré tous ses résultats spectaculaires ou peut être paradoxalement à cause d'eux, suscite souvent la méfiance voire la défiance du public. Pour une large part, je pense que cela vient d'une incompréhension de ce qu'est la démarche scientifique que l'on soupçonne souvent de chercher à tout régenter, en fait le but de la science est d'établir des faits, de décrire des phénomènes et de les expliquer par des théories qui à leur tour permettent de prévoir et de comprendre d'autres faits. Elargissant ainsi au fur et à mesure le champ des connaissances et nos moyens d'agir sur le monde. Dans cette phase d'élaboration la science est essentiellement mue par la curiosité, le besoin insatiable des scientifiques de comprendre la nature. Une fois ces connaissances fondamentales acquises le relais est pris par d'autres agents de la société publics ou privés qui décident d'exploiter ou non telle ou telle découverte. D'en réglementer l'utilisation en se basant sur les considérations économiques ou sur des principes d'éthique, de morale, et parfois sur des bases idéologiques. Cette situation n'est pas vraiment nouvelle, ainsi sont nées aux 17ème et 18ème siècles la mécanique classique qui a précisé ce qu'était la notion de force. Au 19ème siècle la thermodynamique qui a défini les notions de chaleur d'énergie et d'anthropie. L'électromagnétisme qui a permis de comprendre l'unité fondamentale entre les phénomènes électriques magnétiques et lumineux. A partir de ces avancées conceptuelles fondamentales, qui au départ n'avait aucune visée utilitariste, ont été développées les machines de la première révolution industrielle, qui ont bouleversé les conditions de vie dans la société occidentale. La machine à vapeur puis le train, l'automobile et l'avion mais aussi l'électricité, le téléphone et la radio. C'est ensuite le besoin de comprendre les phénomènes du monde microscopique, encore une quête purement motivée par la curiosité, qui a conduit à l'émergence de la physique quantique au début du 20ème siècle. Cette compréhension a conduit à une seconde révolution, celle de l'énergie nucléaire, des ordinateurs, des lasers et de l'internet. La société dans laquelle nous vivons aujourd'hui, ces exemples du passé, montre que l'acquisition de connaissances produites par la pure curiosité des scientifiques, a donné à l'humanité des moyens puissants d'action sur le monde. Ces moyens nouveaux ont toujours conduit à des bouleversements, des changements d'habitudes ou de mode de vie et souvent suscité interrogations, méfiances et résistances.