Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Dans un premier temps, les tablettes servaient seulement à transmettre à celui qui jurait le texte exact de l’engagement qu’un autre roi souhaitait lui faire prendre, lors d’une alliance conclue à distance. Il est donc faux de penser les alliances comme des « contrats de droit international » qui devraient être mis par écrit pour être valides : même en droit privé, on sait bien que le mariage, par exemple, liait un époux et sa femme, que le contrat ait été mis par écrit ou pas (ce dernier cas étant le plus fréquent). Les alliances engageaient deux rois – et les gens qui leur étaient liés – pour la durée de leur vie.

À partir du milieu du IIe millénaire, l’écrit fut en quelque sorte sacralisé, comme le montre une analyse diplomatique des caractères externes des traités de cette époque, à commencer par le support : alors qu’on n’avait précédemment affaire qu’à des tablettes d’argile, on rencontre désormais des tablettes faites dans des matières plus précieuses. Tel est le cas de la tablette de bronze découverte à Hattuša, où fut gravé le traité de Tudhaliya IV avec Kurunta de Tarhuntassa. On sait également que le traité entre Hattusili III et Ramsès II fut gravé dans l’argent, même si l’on n’en connaît que des copies. On a enfin retrouvé un traité d’époque néo-assyrienne gravé dans une tablette de pierre. Dans un premier temps, les tablettes n’étaient qu’un instrument de communication permettant un contrôle du mot à mot du serment prêté : l’important restait alors l’oral. Plus tard, le traité devait être conservé, et éventuellement recopié sur des supports plus nobles que l’argile, parce que le texte écrit avait acquis une valeur en soi.

Aucune marque de validation n’existait jusqu’au XIVe siècle. Les tablettes furent alors pourvues d’empreintes de sceaux : ceux des rois qui s’engageaient, ou encore des « divinités nationales » : ceux de la déesse solaire d’Arinna et du dieu de l’Orage chez les Hittites, ceux du dieu Aššur à l’époque néo-assyrienne.