Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Après avoir perdu les villes du Sud, Samsu-iluna fortifia la région d'Isin et Nippur, ces deux villes contrôlant désormais la frontière méridionale de son royaume. Il tenta ensuite avec succès de renforcer son flanc oriental. On a vu que le roi d'Ešnunna Iluni avait fait partie des vaincus de la « grande rébellion » et l'on ignore ce qui se passa ensuite dans la vallée de la Diyala. Samsu-iluna commémora une nouvelle victoire sur Ešnunna dans le nom de sa vingtième année : « Année où le roi Samsu-iluna, le roi héroïque (ašarêdum), a soumis le/les pays rebelle(s) (lâ šêmišu) et a frappé la totalité de l'armée du pays d'Ešnunna. » La réalité de cette victoire se voit notamment dans les archives d'un dignitaire nommé Alammuš-naṣir, qui possédait un domaine à Damrum, près de Kiš. Ce lot de plus de 70 tablettes a été exhumé avant 1914 et dispersé à travers une dizaine de collections ; il s'agit à la fois de lettres et de textes administratifs datés des années 15 à 21 de Samsu-iluna, qui ont été étudiés en séminaire (voir ci-dessous). Ces documents montrent comment le domaine était géré et fournissent de précieux renseignements sur divers aspects de la vie économique : élevage, agriculture, artisanat, transports… Dans deux lettres, Alammuš-naṣir demande à son intendant qu'on empêche les esclaves ešnunnéennes de sortir de la maison et de prendre contact avec quiconque à l'extérieur. Or un texte administratif mentionne les « nouvelles esclaves » ; il date du mois VIII de l'an 19 du règne, donc l'année même où eut lieu la victoire commémorée par le nom de l'année suivante. Manifestement, ces esclaves ešnunéennes faisaient partie du butin réparti par le roi entre ses hauts dignitaires.

Samsu-iluna consolida sa victoire en édifiant dans la vallée de la Diyala une forteresse destinée à surveiller le pays. Cette construction a été célébrée dans le nom de l'an 24 : « Année où le roi Samsu-iluna, qui a accumulé la sagesse, a bâti la muraille de Kiš, muraille dont la splendeur s'étend sur les pays étrangers, sur la rive de l'Euphrate ; et où il a bâti Dur-Samsu-iluna, dans le pays de Warum, sur la rive du Turan (branche occidentale de la Diyala). » Des fouilles américaines en 1937-38 ont permis de retrouver sur le tell B de Khafajah la forteresse à laquelle Samsu-iluna avait donné son nom, ainsi que l'inscription de fondation qu'il avait fait rédiger, à la fois en sumérien et en akkadien. Dans cette petite ville fortifiée résidait une garnison. Une vingtaine de documents d'archives a été rédigée entre les années 23 et 27 ; un des documents fournit une sorte de recensement de la population du site, montrant comment certains soldats étaient logés chez les habitants, ou indiquant le transfert à Ešnunna d'autres individus originaires de la région.