Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Noms d'années et inscriptions royales ne donnent pas l'impression que le royaume de Babylone était pendant le long XVIIsiècle dans une phase de déclin économique : on voit les rois se lancer dans de grands travaux, comme l'édification de résidences secondaires ou de forts, le creusement de canaux, etc. Le nombre des statues et autres objets offerts aux divinités dans les temples ne semble pas non plus avoir diminué. Tout cela suppose d'importantes ressources humaines et matérielles. De même, nous avons pu voir que la fréquence des mîšarum n'avait pas augmenté par rapport à la période précédente, ce qui aurait pu signaler la réponse des rois à des difficultés économiques accrues. Pourquoi donc avoir intitulé cette séance « Une économie fragile » ? La perte du Sud, survenue en deux phases pendant le règne de Samsu-iluna, n'a pu manquer de diminuer les ressources de l'ensemble du royaume. Même si on ignore toujours le pourcentage des habitants des villes du Sud sumérien qui se réfugièrent dans le Nord, il est certain qu'il fut important : cet afflux soudain de population ne peut avoir manqué de poser des problèmes.

On a commencé par examiner les marchands et leur organisation dans des groupes appelés kârum : ce terme signifie littéralement « le quai » et son usage pour désigner les « guildes » de commerçants des villes babyloniennes s'explique par le fait que le trafic se faisait avant tout par voie fluviale. Chaque ville d'une certaine importance disposait d'un kârum, avec à sa tête un « chef des marchands » (UGULA DAM.GÀR). Une fois de plus, faute de texte réglementaire ou descriptif, il nous faut tirer d'une masse de documents des informations qui permettent peu à peu de voir comment le système fonctionnait. Contrairement à ce que le « Sippar project » de Chicago avait annoncé, la fonction de « chef des marchands » n'était ni annuelle ni tirée au sort : de véritables dynasties ont existé. Quelques portraits de marchands ont été dressés, comme celui de Kuru ou de Marduk-mušallim d'après leurs archives découvertes à Babylone.