Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Les comparaisons modèles-données pour le dernier millénaire sont en accord pour la longue tendance OCM-PAG, ainsi que pour des refroidissements brefs correspondant à des éruptions volcaniques majeures, parfois rapprochées dans le temps (par exemple 1230-1258, 1809-1815 AD) auxquelles se surimposent les variations de l’activité solaire. La transition OCM-PAG est bornée par les deux éruptions stratosphériques des volcans Samalas en 1257 et Kuwae en 1458 AD. Le flux de SO2 de l’éruption de 1257 est à l’origine de la plus grande perturbation radiative au cours de la période historique. Les stigmates directs sont encore bien visibles sur l’île de Lombok qui a été complètement recouverte de cendres volcaniques. L’impact climatique a été démontré jusqu’en Europe, notamment pour l’année qui a suivi l’éruption avec une diminution des températures, des précipitations anormales et des inondations, qui ont conduit à des baisses des récoltes, une augmentation du prix du grain, accompagnée parfois de famine. Le même scénario a dû se reproduire pour les autres grandes éruptions, notamment celle de 1458 qui débute la période du PAG.

Les données les plus précises concernent l’une des dernières éruptions majeures du PAG : en 1815, les coulées pyroclastiques et les cendres du volcan Tambora ont entraîné la mort de plus de 10 000 personnes sur l’île de Sumbawa. Cette éruption a aussi engendré une perturbation radiative mondiale à l’origine de la célèbre « année sans été », bien documentée dans les archives météorologiques de 1816 avec une baisse marquée des températures et une augmentation des précipitations en Europe de l’Ouest.

Comme le montrent les données météorologiques et paléoclimatiques pour les périodes entourant ces grandes éruptions ainsi que pour la dernière de ce type d’une ampleur plus faible (mont Pinatubo en 1991), l’impact ne se limite pas au refroidissement par augmentation de la réflexion du rayonnement solaire incident par les aérosols volcaniques. Des distributions complexes de la température sont mises en évidence en hiver, ainsi que des modifications de la dynamique atmosphérique liées à des effets contrastés suivant l’altitude et les latitudes. Les éruptions « stratosphériques » semblent perturber les oscillations nord-atlantique (NAO) et arctique (AO).