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Pendant des siècles, la plus ancienne mosquée de la ville du Caire, la mosquée de ‘Amr ibn al-‘As, construite en 641-642, a abrité l’une des plus anciennes collections de manuscrits du Coran. Ce sont des milliers de feuillets de parchemin, écrits au cours des quatre premiers siècles de l’Islam, qui étaient « jetés en tas, au fond du souterrain […] abandonnés à l’humidité, à la pourriture et à la destruction… » comme le décrira Jean-Joseph Marcel, l’un des visiteurs de la mosquée au début du XIXe siècle.

Depuis, les vicissitudes de l’histoire ont dispersé cette collection primitive aux quatre coins du monde. Collectionneurs de curiosités et savants occidentaux convoitèrent ces trésors, le plus souvent réduits à l’état de fragments. Ainsi, il n’est pas rare de retrouver dans les collections des plus prestigieuses bibliothèques d’Occident, des feuillets qui, à l’origine, formaient un seul et même volume. Récemment, le projet scientifique francoallemand PALEOCORAN, dirigé par François Déroche (Collège de France, Paris) et Michael Marx (Corpus Coranicum, Berlin) a obtenu le soutien de l’Agence Nationale de Recherche et de la Deutsche Forschungsgemeinschaft, pour mener à bien l’étude de cette bibliotheca coranica. En rassemblant virtuellement les fragments dispersés et reconstituant de la sorte les manuscrits, les chercheurs impliqués dans ce projet espèrent obtenir de nouvelles données pour aborder l’histoire du Coran. Cette bibliothèque pose en effet de nombreuses questions : comment s’est constituée cette collection ? S’agit-il d’une production locale ou d’importations diverses ? La ville de Fusṭāṭ a-t-elle joué un rôle important dans la copie et la transmission du texte coranique ?

Jusqu’à présent, la date ou le lieu de copie de ces manuscrits nous échappent, aucune information directe à ce propos n’apparaissant avant la deuxième moitié du IXᵉ siècle. Cependant, les spécialistes parviennent à surmonter cet obstacle en faisant appel à diverses méthodes : analyse matérielle du livre, étude des écritures et des décors, analyses physico-chimiques, et enfin approche textuelle. Ces méthodes enrichissent progressivement notre connaissance des premières étapes de la transmission manuscrite du texte coranique.

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