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Selon une présentation très répandue dans la tradition musulmane, le Coran, inscrit sur la « Tablette préservée » (al-lawḥ al-maḥfūẓ), serait intégralement « descendu » au ciel, dans un endroit appelé bayt al-ʿizza, avant d’être révélé à Muḥammad de manière fragmentée durant une vingtaine d’années. La tradition musulmane reconnaît de fait trois types de Coran : le Coran de la Tablette, le Coran « céleste » et le Coran « terrestre », qui seraient identiques et fruit d'une révélation divine. Le Coran se définit en premier lieu comme parole révélée (waḥyi/tanzīl) et récitée (iqra’/qara’nāhu), mais le texte coranique est très tôt mis par écrit et diffusé sous cette forme dans l'empire musulman naissant. Comment Muḥammad et les premiers fidèles concevaient-ils le Coran et la révélation ?


La conception qu’en avaient les premiers musulmans semble en effet différer de celle des générations postérieures en raison des enjeux politiques et théologiques auxquels ces dernières furent confrontées. Définir la nature du Coran soulève le problème de la révélation sur un plan théologique, mais aussi celui du corpus coranique et ses qirā’āt : le Coran forme-t-il avec les variantes de lecture une seule et même nature ou bien s’agit-il de deux natures bien distinctes ? Des savants aussi différents qu'Aḥmad b. Ḥanbal (m. 241/855), al-Bāqillānī (m. 403/1012) ou al-Zamaẖšarī (m. 538/1143) sont unanimes pour défendre le caractère révélé et immuable du Coran en dépit de leurs divergences sur son statut ontologique. Peut-on envisager qu’un texte soit à la fois révélé et multiforme ? Quel rôle a joué l’uniformisation graphique du texte au cours des premiers siècles ? Pourquoi l’histoire du corpus coranique et des qirā’āt est-elle absente du débat théologique ? Que nous apprennent à ce propos les manuscrits coraniques les plus anciens, ou encore du passage à l’écrit ? Quelle a été la position des savants musulmans vis-à-vis de la transmission selon le sens (bi-l-maʿnā) ? Le Coran est un texte sujet à interprétation. Les œuvres exégétiques sont à la fois très nombreuses et hétérogènes, tant dans le sunnisme que dans le chiisme. Comment les exégètes ont- ils fait face au caractère multiforme du texte ? Comment ont-ils intégré l’histoire du texte à leur discours ? Quelle a été l’influence des variantes de lecture et plus généralement de la variation sur leurs œuvres ?

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