Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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L’histoire des nouveaux groupes armés non-étatiques que sont Al Qaida et l’État islamique est celle de l’auto-capacitation d’une violence politique contemporaine qui desserre la dimension spatiale des relations internationales et consacre la transnationalisation grandissante de ces entités. Dans ce contexte, l’avènement de l’EI s’inscrit dans un parcours de violence militarisée plus vaste entamé plus tôt par Al Qaida. Les micro-récits relatifs à ces deux groupes centrés sur leurs leaders et leur religiosité théâtralisée ont occulté les enseignements plus larges qu’il faut tirer concernant l’histoire de la violence politique à la fin du vingtième siècle et au début du vingt-et-unième. L’EI, comme Al Qaida, souffre un déficit analytique et une absence de conceptualisation. Les sciences sociales, généralement, et les relations internationales, plus précisément, ont, pour l’heure, été incapables de cerner la nature des importantes transformations systémiques – la militarisation de l’islamisme, l’indigénisation du transnationalisme et l’entreprenariat de violence post-moderne – introduites par ces deux groupes. Confinées à des approches sécuritaires, informées de façon culturaliste et distillées sur un mode médiatique, les analyses de ces nouvelles formes de violences dénotent un manque conceptuel. Le terrorisme est aujourd’hui avant tout révélateur d’un « moment historique » de ces mutations de la contestation dont l’essor a lieu sur l’arrière-plan d’une modernisation rapide et mondialisée.

Mohamed-Mahmoud Ould Mohamedou est invité par l'Assemblée des professeurs, sur la proposition du professeur Henry Laurens, titulaire de la chaire Histoire contemporaine du monde arabe.