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Séminaire coordonné par Jean-Matthias Fleury (Collège de France), Quentin Deluermoz (Paris XIII) et Pierre Singaravelou (Université Paris I).

Le but de ce séminaire, qui s’inscrit dans la continuité des discussions ayant vu le jour dans le séminaire sur la « What if history » à l’EHESS (Deluermoz, Singaravelou), ainsi que dans le cadre d’un séminaire au Collège de France consacré à l’épistémologie de la causalité (Fleury) l’année dernière, est d’approfondir les questions historiographiques, épistémologiques voire ontologiques soulevées par ce type de raisonnement, et ce, dans une perspective interdisciplinaire.
En effet, depuis les travaux pionniers de la cliométrie dans les années 1960, la reconstitution des alternatives contrefactuelles de situations historiques, économiques ou sociales données, s’est largement développée dans les sciences sociales, sous des formes et dans des stratégies de recherche souvent très variées. Là où l’économiste pourra, par exemple, chercher à imaginer le développement industriel des États-Unis sans le chemin de fer pour évaluer, par contraste, la pertinence causale de ce dernier facteur, le théoricien des relations internationales pourra, lui, utiliser les alternatives contrefactuelles pour reconstituer les processus de prises de décision qui ont permis, par exemple, d’éviter une troisième guerre mondiale lors de la crise des missiles de Cuba. Mais les développements récents de cette approche ont montré que les questions soulevées par l’usage des contrefactuels en histoire dépassent largement ce cadre méthodologique, et invitent aussi à réfléchir sur les ressources cognitives de ces scénarios contrefactuels particuliers que sont les fictions historiques.
Parallèlement à la diffusion de ce type de question en histoire et dans les sciences sociales, la philosophie des modalités a connu, elle aussi, des développements considérables ces dernières décennies, qu’il s’agisse des programmes associés à la logique modale ou aux recherches portant sur l’épistémologie des modalités ou leur interprétation ontologique. Or, même si ces analyses sont régulièrement citées dans certains travaux d’histoire ou de science sociale, force est de constater qu’à de très rares exceptions, le dialogue entre les deux entreprises n’a pas vraiment eu lieu, particulièrement en France où la réception de l’histoire contrefactuelle est restée relativement marginale. Nous espérons que le cadre de ce séminaire pourra contribuer à entamer ce dialogue entre philosophes et praticiens des sciences sociales.

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