Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

L’exploitation du milieu aquatique et notamment du milieu marin par des mammifères entraîne presque toujours chez eux des adaptations particulières à cet environnement. Ce n’est pas le cas chez l’Homme, ce qui pose la question du moment d’apparition de ce comportement dans la lignée des hominines. Chez les Homo sapiens de la fin du Pléistocène supérieur et de l’Holocène, il existe une abondance d’exemples d’économies tournées en partie ou en quasi-totalité vers le milieu aquatique. La faune aquatique représente une source importante de nourriture riche en oméga 3. Son exploitation influence la démographie des groupes humains, leur technologie et leur degré de mobilité, tout autant que leur degré de complexité et de différentiation sociale. Longtemps, il a été considéré que les formes humaines anciennes n’avaient guère utilisé cette ressource. Cependant, plusieurs découvertes récentes ont remis en cause la simplicité de ce schéma. Le site le plus ancien est celui de FwJj20 (Est-Turkana, Kenya) qui remonte à 1,95 Ma. Aux côtés des restes d’ongulés de savanes, on y a mis au jour de nombreux restes de poissons-chats, de petits crocodiles et de tortues. Ces animaux ont été collectés de façon saisonnière dans des mares en voie d’assèchement. Autour de 1,5 million d’années, les traces de pas fossilisées sur les berges des lacs est-africains montrent une présence fréquente de groupes d’Homo erectus,parfois assez nombreux, arpentant les rives.

Un second jalon, qui concerne lui aussi cette espèce, est offert par les découvertes de Trinil à Java. Dans les alluvions de la rivière Solo, les hommes ont abandonné des coquilles de gros lamellibranches ouverts grâce à un outil très simple fourni par les dents pointues de requin. L’un de ces coquillages porte la gravure d’un signe géométrique dont l’interprétation reste controversée.

En ce qui concerne les Néandertaliens, une série de sites des côtes de la péninsule Ibérique et de l’Italie témoigne de l’exploitation de coquillages marins et, de façon plus sporadique et sans doute opportuniste, de quelques vertébrés (phoques, tortues). En Afrique, l’exploitation des coquillages marins par Homo sapiens est connue dans plusieurs sites côtiers de la deuxième moitié du Middle Stone Age, et s’intensifie au cours du Later Stone Age. Pour certains auteurs, cette exploitation saisonnière systématique a joué un rôle prépondérant dans l’émergence de sociétés complexes.