Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
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Les péripéties et les caractères de la politique italienne depuis la seconde moitié du XIXe siècle partagent quelques traits communs avec l’Allemagne, tels que l’alternance de régimes opposés et la diversité régionale. Comme en Allemagne, l’exercice du pouvoir d’État central doit compter avec des configurations locales fortes, dont l’autonomie est notable dans les champs de la culture et de l’architecture. Deux coupes diachroniques sont éclairantes, la première portant sur les régimes successifs et les configurations des villes et de la culture, et la seconde sur les itinéraires des architectes et leurs rencontres avec les pouvoirs, notamment ceux des protagonistes ayant eu les trajectoires les plus longues.

Sous le fascisme, les rivalités et les divergences entre architectes et urbanistes ne font que réverbérer celles qui opposent les hiérarques du régime, au sein duquel l’aile corporatiste soutient les projets des modernes. Ces tensions affectent jusqu’aux périphéries de l’Empire colonial italien. Comme dans le cas de l’Allemagne, des groupes se détachent, que l’on peut définir en croisant la démographie, les expériences politiques au travers des régimes successifs, les expériences institutionnelles et professionnelles et l’ancrage régional.

La plus originale des figures apparaissant au sein de ces groupes est celle de Marcello Piacentini, actif pendant six décennies, au cours desquelles son rôle politique fut considérable, grâce à sa capacité d’adaptation hors pair. Visiteur fréquent de Mussolini, manipulant concours et appels d’offres, il réalisa des rénovations urbaines marquantes à Brescia et à Gênes. Loin de s’opposer frontalement aux jeunes modernes, il en récupéra l’énergie, et s’appropria l’aura de la nouvelle production mondiale. Pivot de ces deux entreprises déterminantes du régime que sont la Cité universitaire et l’E42, dans lesquelles il sut assimiler les nouveaux langages, il parvint à être blanchi en 1945 et à rester engagé dans les opérations romaines jusqu’à sa disparition.