Salle 5, Site Marcelin Berthelot
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Laissant de côté une autre occurrence du « pied » de Dionysos (chez Sophocle, Antigone, v. 1143), la conférence se concentrait sur la 36e Question grecque de Plutarque dont le début est le suivant : « Quand les femmes des Éléens implorent Dionysos par un hymne, pourquoi l’engagent-elles d’apparaître parmi elles avec un pied de bœuf ? » Cette question, l’hymne lui-même (dont Plutarque est le seul témoin) cité à sa suite et le commentaire de Plutarque à son sujet, sont mis en rapport avec les livres 5 et 6 de la Description de la Grèce que Pausanias consacre à la région d’Élide. Or, par opposition à d’autres lectures, les résultats de l’analyse présentée au cours de la conférence sont les suivants :

  • La déclaration de Plutarque que « les femmes éléennes » chantent cet hymne à Dionysos, est à prendre à la lettre ; il ne faut pas identifier les femmes éléennes au corps des seize femmes de l’Élide (qui est distingué d’elles chez Pausanias comme dans l’œuvre de Plutarque).
  • Les obligations cultuelles des seize femmes et celles des femmes éléennes en général sont différentes ; selon Pausanias, les différences concernent notamment des actes divers dans le contexte du culte des héros.
  • La référence topographique exprimée dans l’hymne (« temple auprès de la mer ») est à prendre au sérieux ; la conjecture « temple des Éléens » n’est pas justifiée.
  • Pausanias et Plutarque témoignent d’activités cultuelles destinées à amener l’épiphanie de Dionysos et exécutées, d’un côté, par un petit groupe de spécialistes religieux masculins pendant la fête des Thyia (Pausanias), de l’autre, par une multitude de femmes au statut non différencié (Plutarque) à une occasion non spécifiée ; ces deux catégories d’actes cultuels sont localisés en des endroits différents de la région d’Élide, fortement éloignés l’un de l’autre (le premier aux alentours de la ville d’Élis, le deuxième au bord de la mer, à une distance considérable de ce centre urbain).
  • Cela n’exclut pas la simultanéité cultuelle du rite exécuté par des hommes et de la convocation de Dionysos par des femmes.
  • Dans leur hymne, les femmes éléennes qui appellent Dionysos à apparaître parmi elles demandent son épiphanie « avec un pied de bœuf » et non pas « avec un pied de taureau » ; l’invocation « digne taureau » à la fin de l’hymne, répétée de façon incantatoire, ne désigne pas l’animal sacrificiel, mais se réfère à une restitution cultuelle du dieu, associée aux désirs sexuels des femmes.