Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
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La ville, en tant qu’espace fictionnel, peut être définie comme une constellation de biographèmes accrochés à des lieux. La séance est consacrée à une relecture de l’archéologie paléochrétienne à Milan (à partir notamment des apports des travaux récents de Silvia Lusuardi Siena et de ses élèves), envisagée dans une perspective inspirée de la sociologie urbaine de la remémoration proposée par Maurice Halbwachs dans La Topographie légendaire des évangiles en Terre sainte (1941). Il s’agit bien d’éprouver la « résistance des choses » non pas à partir des lieux de mémoire, mais des itinéraires, des circulations, des correspondances et des étoilements. À travers l’analyse méthodique de la christianisation de l’espace milanais par les basiliques ambrosiennes, son empreinte dans le développement urbain et sa réactivation par le temps liturgique (jusqu’aux politiques de remémoration de Charles Borromée), on cherche à illustrer les trois temps d’une politique des remaniements : réinvestissements, transactions, consolidations. Dans sa politique d’occupation des sols et de translation des reliques, Ambroise, defensor civitatis, a déjà accompli ce programme. On le montre notamment à partir de la basilique San Nazaro, de son portique monumental et du modèle constantinien de l’Apostoleion témoignant de la réinterprétation de la capitale impériale ad modum crucis (Marco Sannazaro).

Sommaire

  • Des biographèmes accrochés à des lieux, la ville en tant qu’espace fictionnel
  • Première scène de l’autel d’or : le présage des abeilles et l’éloquence sacrée comme thème commun au « mentir-vrai » des traditions littéraires tardo-antiques
  • Infans ou puer ? : la question du remploi carolingien
  • Septième scène de l’autel d’or, « une sorte de consécration du lien entre Martin et Ambroise » (Paolo Tomea)
  • De Vita et meritis Ambrosii : pourquoi Paulin de Milan ne suffit plus
  • « L’empereur est dans l’Église et non pas au-dessus d’elle » (Apologie de David) : les enjeux politiques et mémoriels de la collusion ambrosienne entre lutte antihérétique et opposition aux empereurs
  • Autorité pastorale et pouvoir impérial, une politique au cas par cas, des textes de circonstances
  • Le « conflit des basiliques », l’autel de la Victoire, la synagogue de Callinicum et le cirque de Thessalonique : l’enjeu monumental de l’ordre urbain
  • Le souvenir est-il objet d’histoire ? Maurice Halbwachs entre Henri Bergson et Marc Bloch
  • Des Cadres sociaux de la mémoire à la mémoire collective
  • Un livre longtemps méconnu, La topographie légendaire des évangiles en Terre sainte (1941)
  • Traces, territoires et durée : « c’est l’image seule de l’espace qui, en raison de sa stabilité, nous donne l’illusion de ne point changer à travers le temps et de retrouver le passé dans le présent ; mais c’est bien ainsi qu’on peut définir la mémoire » (Bernard Lepetit)
  • Halbwachs et la « résistance des choses »
  • Non pas des lieux de mémoire, mais des itinéraires, des circulations, des correspondances et des étoilements
  • Les trois temps d’une politique des remaniements (Éric Brian) : réinvestissements, transactions, consolidations
  • Retour à Milan : Ambroise defensor civitatis, l’occupation des sols et la translation des reliques
  • L’archéologie paléochrétienne à Milan : apports des travaux récents de Silvia Lusuardi Siena
  • La basilique ambrosienne dans son contexte archéologique : le grand cimetière Ad martyres du suburbium occidental
  • La basilique San Nazaro, le portique monumental et le modèle constantinien de l’Apostoleion : la réinterprétation de la capitale impériale ad modum crucis (Marco Sannazaro)
  • La christianisation de l’espace milanais par les basiliques ambrosiennes, son empreinte dans le développement urbain et le déplacement métaphorique des Corpi santi
  • Fêtes civiques, itinéraires, identifications : une structure de prestige
  • « Souviens-toi ! » : au temps de Charles Borromée, un circuit de remémoration
  • Un nom, une cité, l’impossibilité d’en sortir : « il se prépara à fuir : il sortit de la ville en pleine nuit… » (Vita ambrosii)
  • Les échappées belles de la mémoire ambrosienne hors la ville : Pétrarque et Sant’Ambrogio ad Nemus : « On a, depuis, défriché la forêt ; le lieu ayant changé d’aspect, seul le nom demeure »
  • Une topographie légendaire : « parfois des rites, des formules, qui sont mécaniques, matériels, ici des commémorations anciennes, fixées dans des pierres, des églises, des monuments, où les croyances et les témoignages d’autrefois ont pris forme d’objets solides et durable » (Maurice Halbwachs)