Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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En quoi les hymnes ambrosiens sont-ils ambrosiens ? Faisant retour à la basilique assiégée où Ambroise invente une nouvelle forme à l’hymnodie chrétienne, on vise la compréhension de l’articulation entre intuition poétique et institution politique. Mais c’est aussi une manière de poser la question du rapport entre nom d’auteur et autorité du nom. La séance est donc consacrée à donner quelques éclairages, à partir de la transmission manuscrite de l’hymnaire ambrosien, de sa dissémination dans le corpus liturgique et de son intégration dans le canon patristique, sur l’invention de la catégorie « Pères de l’Église », du pseudo-Gélase à Boniface VIII. Au-delà des florilèges et collections canoniques qui manifestent l’accord des Pères, soit, selon l’expression de François Dolbeau, « une sorte de concile virtuel d’auteurs réputés orthodoxes », on tente de saisir le propre d’Ambroise dans la tradition ambrosienne. Autrement dit, quelle fut la part d’Ambroise dans la mise en forme de sa mémoire textuelle ? À partir de sa correspondance envisagée comme collection épistolaire, qui comporte des dédicataires davantage que des correspondants, on suggère l’importance d’une enquête plus générale sur les noms des œuvres. L’invention des opera omnia par Martino Corbo et le rassemblement des manuscrits ambrosiens au xiisiècle est ultimement analysée selon les catégories de la canonisation et de la décanonisation proposées par Jack Goody.

Sommaire

  • Epistula…non erubescit : de Cicéron à Ambroise, l’anonymat des sentences latines entre transmission orale et mémoire écrite
  • L’inversion d’une formule (Verba volant, scripta manent)
  • Qu’est-ce qu’un auteur « consacré » ?
  • Retour à la basilique assiégée : l’intuition poétique et l’institution politique
  • Ambroise et l’hymnodie chrétienne : l’invention d’une forme (Jacques Fontaine)
  • En quoi les hymnes ambrosiens sont-ils ambrosiens ? Nom d’auteur, autorité du nom
  • La transmission manuscrite de l’hymnaire ambrosien d’après Marie-Hélène Julien : un patrimoine liturgique
  • Le « sceau de l’œuvre » (Gérard Leclerc) : chercher ce qu’il y a d’Ambroise dans les hymnes ambrosiens, de Walafrid Strabon à Francesco della Croce
  • Dissémination dans le corpus liturgique, intégration dans le canon patristique
  • L’invention de la catégorie « Pères de l’Église », du pseudo-Gélase à Boniface VIII
  • Les deux sources de la Révélation contra la sola scriptura : un enjeu majeur pour la Réforme catholique du XVIsiècle
  • L’accord des Pères, « une sorte de concile virtuel d’auteurs réputés orthodoxes » (François Dolbeau)
  • Florilèges et collections canoniques
  • La Collectio ex dictis XII patrum de Florus de Lyon : surprendre le compilateur au travail
  • L’exemple de la transmission du De fuga saeculi (Camille Gerzaguet)
  • Mieux vaudrait, à tout prendre, décrire la pensée médiévale comme anonyme, plutôt que de la soumettre à cette « relation d’ordre entre signatures » (Alain de Libera, Penser au Moyen Âge)
  • De nouveau « Qu’est-ce qu’un auteur ? » : Michel Foucault critique de lui-même
  • La « fonction-auteur » au Moyen Âge : auctor, actor, autor (Marie-Dominique Chenu)
  • L’invention des opera omnia : Martino Corbo et le rassemblement des manuscrits ambrosiens au XIIsiècle
  • Quelle fut la part d’Ambroise dans la mise en forme de sa mémoire textuelle ? La Correspondance comme collection épistolaire
  • « Cette lettre que j’échange avec toi est un premier essai que j’insérerai, si tu en es d’accord, dans les livres de mes lettres (Libros nostrarum epistularum) » (Epist. 32)
  • Ambroise, son réseau et ses followers : des dédicataires davantage que des correspondants
  • Comprendre la varietas dans la composition des dix livres de la Correspondance ­
  • Un exemple : le livre 10 et l’insertion de l’éloge funèbre de Théodose entre deux lettres (76 et 77) à Marceline faisant le récit du conflit des basiliques (d’après Gérard Nauroy)
  • Les noms des œuvres : enquête codicologique et inventaires de bibliothèques
  • Le « nom d’anonyme » comme fiction du nom propre : Ambrosiaster
  • Érasme, les Mauristes et la Patrologie latine de Migne : la transmission fantôme
  • Pourquoi les faux circulent-ils souvent plus et mieux que les authentiques ? Le cas des Soliloquia d’Augustin (d’après Eligius Dekkers), ou comment l’on préfère l’imitation à l’original
  • La « guerre froide » des fausses attributions : une controverse entre Lancelot d’Andrews, évêque d’Ely et le cardinal Jacques du Perron
  • « Voilà le paradoxe qui affecte la formation comme la transmission du canon : on ne peut avoir de texte immuable qu’avec l’aide d’un médium [l’écriture] qui, dans d’autres contextes, invite à la dé-canonisation » (Jack Goody, « La canonisation dans les traditions orales et écrites », dans Pouvoirs et savoirs de l’écrit)
  • Jan Assmann et la Mémoire culturelle : l’énergie vitale du commentaire, comme « variation disciplinée »