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Pour ce dernier cours donné au Collège de France, on a voulu aborder ce qui donne sans doute à l’anthropologie son caractère distinctif et ce qui a constitué en tout cas l’un des axes directeurs de la recherche et de l’enseignement du professeur depuis les débuts de sa carrière : l’exercice de la comparaison. Et comme les formes de comparaison qu’il a pratiquées ont varié avec le temps, il était inévitable que ce dernier cours portât aussi, à travers une analyse réflexive du type de comparatisme qu’il met en œuvre à présent, sur le genre d’anthropologie qui a sa faveur et dont il a essayé d’illustrer les mérites au Collège de France. À grands traits, l’on pourrait dire qu’il est passé en une quarantaine d’années d’un comparatisme naïf, intuitif et commandé par l’émerveillement devant sa découverte en Amazonie de manières de faire et de penser qui étaient pour lui d’une radicale originalité, à un comparatisme plus ample et plus méthodique, marqué par la conviction que ce n’est pas un seul peuple, ou même un seul style de vie régional, qui pourra contribuer à enrichir l’intelligence du monde, mais bien la connaissance de la pluralité des formes d’expression sociales et culturelles, pourvu que l’on sache faire jaillir des contrastes que ces formes présentent les étincelles d’une pensée moins convenue de la façon dont les humains s’associent entre eux et avec d’autres êtres. C’est là aussi la condition pour concevoir d’autres formes d’association, qui n’ont jamais été inventoriées par les ethnologues ou les historiens, mais que l’état présent du monde exige avec urgence que l’on tente de les imaginer.

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