Amphithéâtre Maurice Halbwachs, Site Marcelin Berthelot
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Louis Pasteur pensait que la vie sans microbes serait impossible. Dans les décennies qui suivirent naquit la gnotoxénie, science de la vie en environnement stérile ou microbiologiquement contrôlé, qui démontra que la vie sans germe (axénique), contrairement à l’hypothèse de Louis Pasteur, était possible. On fantasma même sur l’homme de demain pur génétiquement et microbiologiquement, sur de futurs astronautes axéniques ne faisant pas risquer aux planètes visitées la contamination par les microbes terriens. On fantasma moins lorsque l’on commença à réaliser qu’après tout Louis Pasteur n’avait pas tellement tort. Les animaux, particulièrement les souris, élevés de manière prolongée en isolateur axénique étaient hypotrophiques, souffrant de graves déficits nutritionnels et vitaminiques, leur système immunitaire était immature et les phases tardives de maturation de la barrière hémato-encéphalique et du cerveau retardées, donnant lieu à de sévères troubles du comportement. Brutalement libérés en environnements contaminés, de tels animaux seraient en grande détresse et mourraient sans doute avant d’avoir pu assembler un microbiote, même partiel. La coévolution a donc laissé au microbiote, en particulier intestinal, des fonctions majeures de nutrition, de maturation et maintien de l’état de veille du système immunitaire et de maturation du système nerveux central. Cette symbiose vitale a ses équivalents dans le monde végétal, l’exemple principal étant la capacité de fixation de l’azote fournie aux légumineuses par des bactéries exprimant une enzyme-clé : la nitrogénase. Un monde sans microbes serait certes viable mais si considérablement appauvri en diversité que sa durabilité serait en question.