Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Nous explorons l’étymologie de la notion de talent, en partant d’un paradoxe. Le talent est, à l’origine, une mesure de poids, mais son transport métaphorique a pourtant conduit à l’énigme de son indéfinissabilité. L’enquête étymologique s’appuie ensuite sur les définitions modernes, depuis le premier Dictionnaire de l’Académie française de 1694, qui propose un sens figuré resté très stable dans les éditions ultérieures : « don de nature, disposition et aptitude naturelle pour certaines choses, capacité, habileté ». Par métonymie, les capacités et dispositions imputées servent à qualifier la personne tout entière.

L’origine du questionnement sur la notion et la valeur du talent est connue : la parabole des talents de l’Évangile de Mathieu (25, 14-30) dont nous examinons les significations, en prenant notamment appui sur l’ouvrage que Gianni Mombello lui a consacré :

« La parabole des talents est bâtie sur deux thèmes essentiels : celui des dons que Dieu a faits aux hommes, et celui de l’usage que les hommes font de ces dons. Les dons de Dieu sont de deux ordres : dons naturels, matériels ou spirituels, et dons surnaturels. Les dons naturels et matériels sont les facultés physiques de l’homme (les cinq sens), les dons naturels et spirituels sont l’intelligence (et la raison) et la volonté. Enfin, les dons surnaturels sont la foi et la « bonne volonté », c’est-à-dire cette grâce supplémentaire qui permet à l’homme de choisir le bien et d’accomplir des actes méritoires pour son salut. Ces dons sont distribués de façon inégale, selon les capacités de réception de chaque individu, et inégal est aussi l’usage qui est fait de ces dons. Celui qui sait faire « fructifier » ces dons prépare son salut ; celui qui les laisse inactifs prépare sa damnation et la perte de ces mêmes dons. Les thèmes de fond de la parabole sont donc celui de la grâce et celui du libre arbitre, qui constituent les deux données essentielles du problème le plus difficile que la spéculation chrétienne ait eu à débattre, c’est-à-dire le problème de la prédestination. » [5]

Références