Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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La génération d’impulsions intenses femtosecondes de lumière proche infrarouge ou visible ouvre un champ d’investigation très vaste en physique atomique, moléculaire ou des solides. En excitant à l’aide de ces impulsions des jets de gaz rares, on génère des impulsions lumineuses ultraviolettes ou X (XUV) de quelques dizaines d’attosecondes (1 attoseconde = 10-18 s) et des faisceaux de photoélectrons énergiques. On utilise ces impulsions XUV et ces électrons, en conjonction avec les impulsions IR ou visibles qui les ont générés, pour sonder la matière aux temps ultracourts et sur des distances de l’ordre de quelques Angströms. Ces expériences sont réalisables avec des lasers de laboratoire grâce à une méthode d’amplification de la lumière mise au point dans les années 1980. Des installations puissantes de grandes dimensions permettent d’atteindre des intensités ouvrant la voie à une physique de la lumière extrême (effets relativistes, physique nucléaire, électrodynamique quantique non linéaire, etc.) La sixième leçon a commencé par dresser un panorama des progrès réalisés dans la génération des impulsions lumineuses de grande intensité et de durée ultracourtes au cours des cinquante dernières années. On y montre que la course aux grands champs lumineux et celle aux impulsions très brèves ont été fortement corrélées, les processus générant des éclairs ultracourts étant liés à des phénomènes fortement non-linéaires requérant des amplitudes de champs électriques très grandes. Dans un premier temps, les impulsions ont augmenté en amplitude et en brièveté de façon rapide, jusqu’à atteindre un palier dans les années 1980, dû à la saturation des verres amplificateurs utilisés qui ont atteint alors leur seuil de dommage irréversible. La méthode CPA (chirped pulse amplification) a alors été inventée. Elle consiste à disperser en fréquence et à étaler en temps l’impulsion lumineuse grâce à une ligne à retard optique réalisée à l’aide de réseaux dispersifs. L’impulsion transporte alors la même énergie, mais sur un temps beaucoup plus long. Elle passe dans le milieu amplificateur qui ne risque plus d’être détruit. Après la traversée de ce milieu, un système de réseaux opérant en sens inverse du précédent comprime ensuite l’impulsion, permettant d’atteindre de très grandes intensités crête. Les pulses femtoseconde intenses ainsi obtenus se prêtent à la mise en œuvre de processus non-linéaires d’ordre très élevés, conduisant à la génération d’impulsions lumineuses beaucoup plus énergétiques et beaucoup plus courtes.