Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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En hébreu biblique, le champ sémantique d’’ahab couvre l’amour, la sexualité, l’amitié, la loyauté.

Dans de nombreux récits de création, c’est l’union sexuelle des dieux qui est à l’origine de la vie sur la terre. À Sumer, le dieu Enlil, qui sépare le ciel et la terre, donne naissance à l’été et à l’hiver par un acte sexuel avec les Montagnes. À Ougarit, on connaît un poème intitulé « la naissance des dieux », où le dieu El, d’abord impuissant, en faisant l’amour avec deux déesses (difficilement identifiables) enfante Shaḥar et Shalim, les étoiles du matin et du soir.

L’amour entre les dieux

Très populaires sont les amours entre Ishtar/Inanna et Tammuz/Dumuzi (un roi-berger mythique, héroïsé, voire divinisé). Selon une tradition, Dumuzi était un pasteur et Inanna avait hésité entre lui et le dieu fermier Enkimdu (opposition de deux styles de vie ?).

Plusieurs poèmes décrivent l’amour d’Ishtar pour Tammuz. Malgré de nombreux textes qui mettent en scène la relation amoureuse entre Ishtar et Tammuz, il existe un texte où Tammuz devient la victime de sa bien-aimée. C’est l’épopée que les modernes ont appelée La descente d’Ishtar aux enfers (l’œuvre existe en deux versions, l’une d’Assour, plus ancienne, et l’autre de Ninive (provenant de la bibliothèque d’Assurbanipal). Ce mythe a un modèle sumérien. Ishtar s’y trouve prisonnière aux enfers et sur terre la sexualité et la fertilité s’arrêtent. Ea résout le problème : il crée un être appelé « assinnu », « travesti » (?) dans la version ninivite [1], du nom d’Aṣu-shu-namir (Aṣa-namir), signifiant « brillant est son apparition » (exprimant sa beauté ?). Il s’agit d’une allusion au personnel cultuel au service d’Ishtar. Il est envoyé aux enfers, où il réussit, en mettant la main sur l’eau de la vie, à ressusciter Ishtar. Ereshkigal maudit alors Aṣu-shu-namir et le condamne à mener une vie difficile. Grâce à l’intervention de l’assinnu, Ishtar remonte des enfers, en repassant par les sept portes. Mais, apparemment, Ishtar doit laisser quelqu’un à sa place aux enfers. Et celui qui doit la remplacer, c’est son amant Tammuz, qui, selon les apparences, peut aussi remonter, comme le suggère la fin quelque peu mystérieuse qui semble faire allusion à une fête :

Lorsque Tammuz remontera, flûte bleue et anneau avec lui remonteront. Remonteront les hommes et femmes qui pleurent : que remontent aussi les morts et qu’ils hument l’encens. (rev. 56-59 = 136-139 [2])

Le culte de Tammuz était également pratiqué dans les alentours du temple de Jérusalem comme le montre le texte du livre d’Ezéchiel 8,14.

Références

[1] Dans la version assyrienne kulu’u.

[2] Traduction selon Labat ; Foster, 504-505 pense plutôt à un cri « hourra » au lieu du sens de « remonter ».

[3] J.-M. Durand et L. Marti, « Les textes hépatoscopiques d’Emar (I) », Journal asiatique 292, 2004, p. 1-61, p. 23.

[4] S. Lafont, Femmes, droit et justice dans l’Antiquité orientale. Contribution à l’étude du droit pénal au Proche-Orient ancien (OBO 165), Fribourg - Göttingen: Éditions universitaires - Universitätsverlag, 1999, p. 184.

[5] S. Lafont, Femmes, p. 184-190.

[6] Voir dans ce sens J.R. Ziskind, « The Missing Daughter in Leviticus xviii », VT 46, 1996, p. 125-130.