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Athènes, Musée national
Athènes, Musée national, inv. 1338 : photo Lorenz E. Baumer.

Présentation

Cette série de trois conférences se propose d’explorer les champs multiples d’interaction entre les hommes et les dieux dans la société grecque ancienne. Conçus avec le pouvoir de se manifester sous une forme humaine, et avec une volonté d’interagir, les dieux grecs entraient souvent dans le monde humain, en créant une « zone grise » où la frontière entre le monde divin et celui des mortels devenait parfois brouillée.

Les rencontres entre mortels et immortels pouvaient avoir lieu partout, et à tout moment, dans un sanctuaire aussi bien que dans le foyer, dans l’agora ou dans le gymnase, ou encore dans la forêt. La première conférence mettra en évidence l’importance de l’apparence humaine dans les interactions, elle soulignera en particulier comment cette apparence permet d’instaurer un espace de sécurité pour les hommes en présence d’une divinité, car le contact direct avec les dieux constitue un danger pour les hommes. Les dieux le savent bien : lorsqu’il s’agit de voir Sémélé, simple mortelle, Zeus hésite à se montrer dans sa splendeur majestueuse comme il apparaît à la déesse Héra. Quand une promesse l’obligera à le faire, Sémélé en paiera le prix de sa mort. La protection qu’assure aux hommes cette forme tout humaine qu’empruntent les dieux grecs, peut être illustrée par l’exemple d’Aphrodite cherchant à séduire Anchise. Mais, par rapport aux hommes, la conception des dieux anthropomorphes a aussi d’autres implications importantes qu’il conviendra de déplier. La conférence s’interrogera sur ces conséquences : la forme anthropomorphique offre la possibilité aux hommes de toucher et de nouer un contact physique, pour ainsi dire, avec les dieux, de les regarder dans les yeux ou de leur tourner le dos, et même de les attaquer sur un champ de bataille. En outre, le fait que les dieux se présentent sous une forme humaine donne aux hommes la possibilité dangereuse de se comparer avec le divin, aussi bien physiquement que du point de vue des compétences.

Jenny Wallensten est invitée par l'assemblée du Collège de France, sur proposition de la Pr Vinciane Pirenne-Delforge.