Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Le titre choisi pour cette dernière leçon fait écho aux raisons pour lesquelles l’étude des représentations et des pratiques autour de Déméter Thesmophoros a été privilégiée cette année : la première raison est la spécificité du titre cultuel pour la déesse, ce qui est une pierre de touche intéressante pour saisir un profil divin ; la deuxième raison est la présence de cette dénomination dans l’ensemble du monde grec. La spécificité de l’attribut onomastique et l’extension du culte sous ce nom devaient permettre de cerner le profil de la déesse dans l’ensemble polythéiste auquel elle appartenait. Il s’agissait également de saisir l’articulation entre niveau partagé des représentations et des pratiques, et déclinaisons locales, quand celles-ci affleuraient assez clairement de notre documentation. Une telle tension entre le général et le particulier se retrouve sur plusieurs plans, dont trois sont ici abordés. Premièrement, on analyse l’identité du dieu qui vient se greffer aux deux déesses thesmophores et dont le nom varie d’un endroit à l’autre, entre Zeus Bouleus, Zeus Eubouleus, Ploutôn, Klymenos, voire Zeus Chthonios si l’on intègre au dossier la prière de l’agriculteur d’Hésiode à la veille des semailles. Si toutes ces figures pointent vers l’époux de Perséphone, le choix du nom de Zeus et l’appariement ponctuel à la seule Déméter invitent à nuancer le caractère strictement infernal de la figure masculine du trio. Deuxièmement, c’est la récurrence d’un « paysage thesmophorique » qui retient l’attention. Depuis la Sicile jusqu’à l’Asie mineure, en passant par Cyrène en Afrique du Nord, nombre de sanctuaires voués à Déméter et à sa fille présentent une structure en terrasses, plus ou moins marquées, sur les pentes d’une éminence rocheuse, voire d’une acropole en bonne et due forme, à une distance plus ou moins importante du cœur de la ville. Troisièmement, et en forme de perspectives conclusives, c’est le profil spécifique de Déméter Thesmophoros qui est déployé, en repartant des éléments saillants qu’a mis au jour l’analyse de l’Hymne homérique à la déesse : l’omniprésence de l’élément féminin ; l’indissoluble relation entre la croissance des céréales et la trophie des enfants ; la compétence de Déméter sur tous les aspects de la chthōn, la terre des céréales et celle des morts, par l’intermédiaire de sa fille.