Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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L’analyse des composantes théogoniques de l’Hymne homérique à Déméter se poursuit autour de la figure de Démophon, le jeune enfant des souverains d’Éleusis que la déesse entreprend d’immortaliser. L’épisode dessine la première conséquence de la colère de Déméter, avant la grève des céréales. L’intrigue crée ainsi un jeu de miroir entre l’enlèvement de Perséphone et le traitement que Déméter tente d’appliquer au petit d’homme : dans l’un et l’autre cas, il s’agit de franchir une limite en principe infrangible, entre le monde des vivants et celui des morts pour Perséphone, entre le statut de mortel et celui d’immortel, pour Démophon. La tentative de Déméter échoue et elle exige alors la construction d’un temple et d’un autel où elle révélera ses rites. La frontière qui sépare la mortalité des humains et l’immortalité divine n’est pas rompue, mais des rituels accomplis par les hommes pour honorer Déméter vont avoir un rôle à jouer pour en adoucir la radicalité. En l’occurrence, c’est la spécificité de la relation entre une mère divine et sa divine enfant qui permet d’atténuer le caractère inéluctable, pour les mortels, du franchissement de la limite qui mène au royaume d’Hadès. Alors que les mères des deux générations précédentes prenaient le parti du fils contre le père (Gaia arme Kronos contre Ouranos et Rheia soustrait Zeus à la voracité de Kronos), avec les Kronides, la puissance maternelle ne passe plus par l’épouse royale – en l’occurrence Héra qui, contrairement à ses aïeules, contribue à la stabilité du pouvoir de son époux – mais par Dēmētēr, la divinité « mère », plus que tout autre concernée par la mortalité des hommes.