Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Le dernier cours de l’année portait sur une évaluation générale de la première moitié de la période dite « des Tanzimat », depuis la promulgation de l’édit du même nom jusqu’à celle, en 1856, de l’édit dit « des réformes ». Le premier volet de cette évaluation portait sur l’organisation – ou plutôt la réorganisation – de la machine bureaucratique mise en place avec la promulgation de l’édit de 1839. Cette analyse reposait sur deux approches distinctes, la première, fondée sur la notion de réseaux, et la seconde, sur une étude de la succession aux principaux postes du pouvoir, à savoir le grand vizirat, les affaires étrangères, l’armée et le cheikhulislamat. Il ressort de la première étude l’existence de trois grandes « constellations » politiques interconnectées par des relations formelles ou informelles qui déterminaient l’équilibre au sein de la classe dirigeante. Les membres de la dynastie – le sultan, sa mère et ses sœurs – fournissaient prestige et légitimité à des bureaucrates par leur soutien ou, dans le cas des princesses, par les liens du mariage. Un deuxième groupe, formé presque exclusivement de militaires, constituait la « vieille garde » qui représentait les tendances conservatrices mais assuraient aussi la transition de l’ancien régime de Mahmud II à celui des Tanzimat par des liens informels avec les représentants de la nouvelle élite bureaucratique. Ces derniers, les seuls à être en contact avec la diplomatie européenne, formaient un troisième groupe qui, vers 1845, prendrait en main les rênes du système, ainsi que le montre la partie chronologique de ce volet de l’analyse. C’est ainsi que la Sublime Porte et les affaires étrangères seront désormais dominées par les « modernes » Reşid, Âli et Fuad pachas, tandis que les « anciens », considérablement marginalisés, étaient relégués à l’armée et au corps religieux.

Le second volet de l’analyse portait sur la dimension économique et financière de cette vingtaine d’années, en particulier sur la question des emprunts contractés à partir de 1854 et dont les avantages escomptés furent bien rapidement annulés par des dépenses excessives et, surtout, tout à fait stériles d’un point de vue économique. Le financement de la guerre de Crimée et des fastes de la couronne l’emportèrent à moyen terme sur les investissements utiles et sur les mesures nécessaires à l’assainissement des finances impériales, amorçant ainsi un cercle vicieux d’endettement qui finirait par amener l’empire au bord de la faillite une vingtaine d’années plus tard.