Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

L’espace de la place (pas seulement de la place publique, mais bien de l’emplacement politique) est ce lieu où l’on s’expose à la visibilité, à la mixité, à un mélange qui n’est pas une mêlée. En s’inspirant de la réflexion théorique sur la dislocation en architecture (depuis notamment les travaux de Benoît Goetz), la séance propose de penser en même temps – et toujours à partir d’exemples médiévaux sur l’invention des communautés – le fait d’habiter avec le potentiel de fiction. L’exemple développé est celui des communautés dispersives de l’expansion scandinave, et de l’utopie politique de l’Islande médiévale (selon les travaux de Jesse Byock) où l’économie de la pénurie provoque une faim de récits. De là une réflexion sur l’insularité et le rêve politique, à partir notamment des utopies corsaires à l’époque moderne, pour penser les « espaces autres » entre distance et reconnaissance.

Sommaire

  • Des embrasements aux emplacements, retour sur les séances précédentes
  • Le soulèvement comme apparition de la survivance d’une origine (Georges Didi-Huberman, Ninfa dolorosa. Essai sur la mémoire d’un geste, Paris, 2019)
  • L’espace de la place, comme lieu où l’on s’expose à la visibilité, à la mixité, à un mélange qui n’est pas une mêlée
  • « Donner place à l’espace c’est annuler en un endroit la puissance de ces récits identificatoires » (Benoît Goetz, La Dislocation. Architecture et philosophie, Lagrasse, 2018)
  • Habiter le monde, inventer des fictions et repartir ailleurs : départ pour l’Islande (Jesse Byock, L’Islande des Vikings, 2007)
  • L’expérimentation islandaise, ou l’idéal historiographique de la First New Society (Richard Tomasson)
  • La communauté dispersive (Stéphane Dufoix, La dispersion. Une histoire des usages du mot diaspora, 2011)
  • Trois grands types de configurations politiques (Pierre Bauduin)
  • « Ayons une seule loi et une seule foi. Car si nous coupons en deux la loi, il se révélera que nous couperons aussi en deux la paix » (Le récitateur-de-la-loi et l’Althing, 1000)
  • Une société contre l’État ? Involutions politiques, grand village et sociétés fragmentaires
  • Pourquoi des sagas ? Économie de la pénurie et faim de récits
  • L’Islande est une île, mais ce n’est pas une utopie
  • Du De Insulis et earum proprietatibus de Domenico Silvestri au Liber insularum Archipelagi de Cristoforo Buondelmonti, l’élan encyclopédique de l’insularité
  • « Tous les Corses sont libres et vivent sous leurs propres lois » (Pietro Cirneo, De rebus corsicis, cité par Antoine Franzini)
  • De l’île aux bateaux, « fragments détachés de la terre » (Joseph Conrad)
  • Raison, déraisons, naufrage avec spectateurs : la Nef des fous n’est pas qu’un motif littéraire
  • L’utopie pirate de Libertalia d’après Markus Rediker
  • La pulsion communautaire des pirates, « ennemis du genre humain »
  • To spin a yard : travailler les cordages et raconter des histoires de marins, labeur « discontinu, à la fois solitaire et collectif »
  • Les voyageurs voient-ils les travailleurs de la mer ? Le cas de l’Evagatorium de Felix Fabri
  • Lutte contre les pirates, juridiction et souveraineté (Guillaume Calafat, Une mer jalousée. Contribution à l’histoire de la souveraineté, Paris, 2019)
  • Distance et reconnaissance : les archipels urbains de la fin du Moyen Âge
  • Encore « Des espaces autres » (Michel Foucault, 1967) : Les utopies consolent, les hétérotopies inquiètent