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La lecture commence dans la rétine, dont la structure impose des contraintes sévères à la reconnaissance visuelle des mots. Seule sa partie centrale, la fovéa, dispose d'une résolution suffisante pour l'identification visuelle des petites lettres. C'est pourquoi notre regard se déplace sans cesse au cours de la lecture. Les expériences classiques de Rayner et ses collègues (Rayner, 1998) ont déterminé la quantité d'information acquise au cours d'une fixation du regard. En masquant les lettres à une certaine distance de la fovéa, elles ont montré que la préservation d'environ 4 lettres à gauche et 15 lettres à droite du point de fixation conduit à une vitesse de lecture normale. En réalité, seule semble extraite l'identité d'environ 3-4 lettres à gauche et 7-8 lettres à droite de la fixation. Cet empan visuel est donc très étroit. Dans l'ensemble, ces résultats suggèrent que la lecture procède essentiellement par l'acquisition séquentielle d'informations au cours de chaque saccade, acquisition qui se fait pratiquement mot par mot, même si quelques informations parafovéales semblent extraites concernant le mot suivant. On peut voir, dans ces expériences, une justification partielle de la concentration des recherches en psycholinguistique sur le traitement des mots isolés – même si les recherches approfondies sur le traitement des phrases et des textes restent trop rares.