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Après cette description des réseaux génériques de la lecture, largement fondée sur la littérature anglo-américaine et française, le cours s'est intéressé à la variabilité culturelle des systèmes d'écriture et à son impact sur les mécanismes de la lecture.

Selon l'hypothèse du recyclage neuronal, si l'architecture du cerveau humain n'a pas eu la possibilité d'évoluer pour la lecture, les systèmes d'écriture pourraient, inversement, avoir évolué afin de tenir compte des contraintes de notre cerveau. Pourrait-on, dès lors, identifier certains universaux transculturels de l'écriture et les mettre en liaison avec l'organisation du cerveau du lecteur ? Un bref examen permet d'identifier plusieurs aspects universels des systèmes d'écriture :

  • toutes requièrent l'acquisition séquentielle d'information sur les mots par le moyen de saccades oculaires ;
  • toutes présentent, dans la fovéa de la rétine, une haute densité de traits hautement contrastés (typiquement noir sur blanc) ;
  • toutes reposent sur un petit répertoire de formes de base dont les combinaisons hiérarchiques forment les caractères ;
  • toutes considèrent que la position et la taille absolue des caractères sont indifférentes (présupposé d'invariance).

S'ajoutent à cette liste deux invariants remarquables découverts récemment :

  • Quel que soit le nombre de caractères, le nombre de traits par caractère est approximativement constant (~ 3) (Changizi & Shimojo, 2005).
  • La topologie des traits à l'intérieur des caractères suit une distribution reproductible à travers les cultures, la même que celle observée dans les images naturelles (Changizi, Zhang, Ye, & Shimojo, 2006).

Ces données sont compatibles avec l'hypothèse que, dans toutes les cultures, les formes que l'humanité s'est donnée pour ses caractères sont celles qui sont les plus facilement codées au niveau du cortex inféro-temporal impliqué dans la reconnaissance visuelle des objets.