Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
-

Résumé

La formule hiera kai hosia est surtout attestée dans la documentation officielle athénienne et participe aussi de la définition de la citoyenneté : être citoyen, c’est notamment « avoir part aux hiera et aux hosia ». Une telle formule a pu être interprétée comme l’expression de la dichotomie « sacré/profane ». Et, de fait, des documents crétois offrent l’exemple d’une conjonction comparable en plaçant en regard les « choses divines » (theia) et les « choses humaines » (anthrōpina). Toutefois, l’analyse du champ sémantique de l’hosion menée lors du cours précédent laisse entendre que cette famille de mots n’a pas grand-chose à voir avec ce que nous qualifions de profane. En outre, rabattre les « choses humaines » sur ce qui serait « profane » est assurément réducteur. Dès lors, en s’appuyant sur les usages de l’adjectif hosios par l’historien Thucydide, la présente leçon circonscrit d’une manière plus précise encore la dimension régulatrice des comportements ainsi qualifiés, leur insertion dans un cadre normatif conçu comme divin et, en conséquence, leur étroite relation à la notion de piété. Ce que désigne la formule hiera kai hosia recouvre au sein de la collectivité une dimension que nous divisons, nous modernes, en conscience sociale, morale, religieuse, voire politique, mais qui, dans les cités grecques, est un tout indissociable ou, à tout le moins, fait l’objet d’intersections rendant invalide toute dichotomie stricte de type « sacré/profane ».