Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Dans le registre de la piété en tant que norme, la famille de hosiē, hosios, hosiotēs occupe une place importante. Les diverses occurrences du substantif hosiē dans l’Odyssée et les Hymnes homériquessont intimement liées aux honneurs que les hommes doivent rendre au monde suprahumain. Le terme désigne également les attitudes adéquates à l’égard d’autres humains, sous le regard des dieux qui sanctionnent ces gestes et ces paroles. L’expression négative ouk hosiē est de ce point de vue très proche de l’expression ou themis dans sa portée régulatrice. Mais si themis est un vaste filet régulateur qui englobe l’ordre du monde dont Zeus est le garant, la portée de l’hosiē se limite aux normes de comportement qui forment les obligations des hommes à l’égard des dieux. Après la fin de la période archaïque, le substantif n’est plus guère en usage, mais l’adjectif hosios prend le relais pour désigner ce type de norme, au même moment où le substantif eusebeia et les mots de sa famille se développent eux aussi. Le Socrate de Platon, dans l’Euthyphron, usera de l’une et l’autre famille de mots de façon interchangeable et précisera en outre que l’hosion est une partie du dikaion, et donc inséparable de la justice. En conséquence, l’eusebeia est la piété vue sous l’angle du respect scrupuleux suscité par les dieux, tandis que l’hosion est la piété vue sous l’angle de la norme que ces derniers produisent. Ces deux regards sur la piété les incluent l’une et l’autre dans le registre de ce qui est juste.