Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
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Ce cours, annulé en raison de la pandémie COVID-19, a été enregistré à Berlin par le Pr Bénédicte Savoy grâce à l'aide du caméraman et monteur Timur El Rafie.

La constitution des collections muséales, et plus particulièrement des collections ethnographiques, repose essentiellement sur un principe sériel. L’accumulation massive d’objets, pensée dans une logique d’exhaustivité, constitue à cet égard le premier marqueur de scientificité des musées européens qui, au début du XXe siècle, affirment leur volonté d’embrasser toutes les cultures matérielles de tous les peuples du monde.

Dans un texte sur la situation des musées ethnographiques en France rédigé vers 1907 mais longtemps resté inédit, Marcel Mauss utilise d’ailleurs cet argument pour dénoncer le retard coupable du musée du Trocadéro face à la complétude et à la richesse de l’appareil documentaire des collections publiques allemandes.

Ce décalage s’explique par le fait que, dans le monde germanique, dès les années 1900, les musées nouent des liens privilégiés avec des ethnologues de terrain – et notamment avec l’africaniste Léo Frobenius – dont ils financent les expéditions en échange de l’envoi de pièces, alors que dans le contexte français, les grandes missions ethnographiques s’organisent surtout à partir des années 1920 et 1930.