Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
En libre accès, dans la limite des places disponibles
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La Madone Sixtine est la dernière madone peinte de la main de Raphaël et l’une des dernières œuvres du maître. Commandé en 1512, le tableau fut placé devant l’autel de la chapelle du monastère de Saint-Sixte à Piacenza en Italie. En 1754 l’électeur de
Saxe Auguste III l’acheta pour une somme colossale. Cette translocation eut lieu dans un contexte d’asymétrie économique car les moines étaient à court d’argent, suite à de mauvaises récoltes. Les négociations durèrent quatre ans et l’original de l’église fut alors remplacé par une copie. La Madone Sixtine a été convoitée par la Révolution française, qui a dû la laisser en Saxe, et elle fut, après la Seconde Guerre mondiale, emportée à Moscou, comme butin de guerre, où elle resta jusqu’en 1955, jusqu’à ce que les autorités soviétiques décident de la renvoyer à Dresde, après une dernière exposition gratuite de 90 jours. La Madone Sixtine de Raphaël retrouvait ainsi la Gemalde galerie du musée de Dresde où elle se trouvait – malgré une interruption – depuis 1754. L’accent est mis sur l’inscription européenne de ce patrimoine partagé, qui a suscité des identifications dans la littérature et le public russes, mais aussi en Allemagne et en Italie. Elle est l’exemple à la fois d’un héritage national et d’un héritage ressenti comme partagé, suscitant des désirs d’appropriation et dont les déplacements provoquent aussi un sentiment de perte.