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Résumé

La Révolution française n’a pas créé la nationalité française, mais elle ne l’a pas non plus démolie. La volonté d’ouvrir une ère nouvelle – l’An I de la Liberté – n’était pas une volonté de faire table rase. La majorité éclairée de l’Assemblée nationale issue des états généraux de 1789 a d’abord accepté d’enthousiasme de garder Louis XVI à la tête de l’État et le catholicisme comme religion officielle. Il ne tenait qu’au roi d’accepter des innovations qui n’avaient rien encore des caractères qu’elles devaient prendre en l’An II. Le fait qu’il n’ait pas accepté est un aspect décisif, bien que trop peu analysé, des choses. Car si l’on n’ignore plus rien des idéologies radicales, et peut-être potentiellement tyranniques, de Rousseau et de ses émules, on omet trop de considérer que la tête de Louis XVI, après tout, n’était pas vide d’idéologie.
1789 n’est donc pas le point d’origine de notre schisme idéologique. C’est le point d’origine des formes politiques violentes que ce schisme a revêtues ou suscitées. Or là encore, dans la quête de responsabilité qui fonde les jugements de valeur, le choix du roi me paraît décisif : le combat engagé contre une Révolution encore toute pacifique est aux origines de l’enchaînement des violences. La guerre et la Terreur me paraissent moins programmées dans un hyperrationalisme qui serait inhérent à l’idéologie jacobine que résultant du grand refus que les dominants d’alors opposèrent à l’Avenir et à la Liberté.