Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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Résumé

Dans certains cas, le sentiment de perte peut être la cause de la perte elle-même, telle une situation idéalisée dont la non-réalisation suscite un manque, et où le présent invente une perte par rapport à un idéal qu’il s’est inventé.

La confrontation de deux auteurs, James Joyce et Théodore Reinach, permet à la fois de faire éprouver ce sentiment de perte et de réparer la perte présente (c’est-à-dire retrouver ce qui n’a jamais été perdu). En effet, par leur travail sur l’Antiquité, ils ont l’un et l’autre fait quelque chose pour éviter une disparition, soit par la fiction romanesque de Ulysses, donnée comme programme de lecture pour retrouver l’Odyssée, soit par la reconstitution d’une réalité rêvée grâce à la Villa Kérylos (commandée par Reinach à l’architecte Pontremoli en 1902). Si l’on croise les deux démarches, on constate deux manques : au chapitre « Wandering Rocks », il manque la tangibilité ; à la villa, il manque l’« élan » vital. Le croisement des deux permettrait ainsi d’imaginer des Wandering Rooms, des pièces errantes.

Cet apport imaginatif, obtenu par le croisement de deux pertes, pourrait constituer une nouvelle forme de littérature comparée. En complément de la restauration pourrait exister l’instauration, consistant à créer des manques, en inventant des rencontres qui déboucheraient sur de nouvelles possibilités fictionnelles.

Intervenants

Sophie Rabau

Université Sorbonne Nouvelle