Amphithéâtre Marguerite de Navarre, Site Marcelin Berthelot
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La première heure a été consacrée à une reprise de la question de la tra-duction. On a, en termes médiévaux, distingué trois « translations » : la translatio imperii (transfert du pouvoir), la translatio artium (transfert des arts), la translatio studiorum (transferts des savoirs et des centres d’études). On a ensuite présenté les trois étapes de la translatio studiorum : translation « caroline », translation « ottonienne » et translation « française ». On a insisté sur cette dernière, faisant de l’université parisienne le terme final de la translatio studii : d’Athènes à Paris, via Rome. On a évoqué sur cette base trois diagnostics modernes posés sur le résultat de la translation d’Orient en Occident : Hobbes, l’hellénisation du christianisme ; Benoît XVI, la déshellénisation du christianisme ; Heidegger, la romanisation du grec philosophique. On est revenu alors au thème de la Passion, en posant trois questions où se nouent christologie et anthropologie : qui souffre sur la Croix ? Qu’est-ce qui souffre dans le Christ ? Quel est le « sujet » de la souffrance ? On a montré que toutes réclamaient l’élucidation du concept de « personne », puis l’on a abordé la question de la définition de persona au Moyen Âge. Partant des deux formules utilisées par Boèce – « substance individuelle d’une nature raisonnable » et « subsistance individuelle d’une nature raisonnable » –, on a montré que, pour la pensée antique et médiévale, la personne se définissait – en un mot – comme l’hypostase individuelle d’une nature raisonnable. On a commenté sur cette base la définition thomasienne de la personne : une « substance individuelle de nature raisonnable ayant la maîtrise de ses actes, qui n’est pas simplement agie comme les autres, mais agit par elle-même, car les “actions sont dans les singuliers” » (= PSA). On a conclu en posant que la tâche de l’archéologie du sujet de la passion était de reconduire la définition moderne de la personne au dossier patristique grec fondant la conception de la personne professée du Moyen Âge à l’Âge classique.