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Étienne Gilson (1884-1978) et Hans Blumenberg (1920-1996) offrent deux figures paradigmatiques pour appréhender la place du Moyen Âge dans l’histoire de la philosophie et penser son lien avec la modernité. Étienne Gilson, moderne devenu antimoderne, montre dans sa thèse en 1913 les soubassements médiévaux de la pensée de Descartes. Découvreur d’un continent, celui de la philosophie médiévale, que la Sorbonne de son temps tenait non pas pour une terra incognita mais pour une terre inutile et obscure, Étienne Gilson est l’auteur d’une œuvre dont la méthode historique est le principe d’ordre et qui se déploie vers l’engagement politique, la « philosophie chrétienne » et la théologie.

Depuis la traduction de La légitimité des temps modernes en 1999 l’œuvre de Hans Blumenberg a suscité peu de débats chez les médiévistes français. Pourtant, en s’opposant aux différentes versions de la thèse de la sécularisation, Blumenberg questionnait directement la place du Moyen Âge dans l’histoire de la philosophie, au moment même où la philosophie médiévale commençait à trouver sa place dans le monde académique. Le geste moderne n’avait pas consisté à reprendre, de manière déguisée, des concepts théologiques du Moyen Âge sous une forme séculière mais constituait au contraire une rupture forte, quoique protéiforme, avec la pensée scolastique. Mais Blumenberg reconnaissait toutefois qu’une partie de la théologie médiévale, en particulier dans le camp des nominalistes, avait d’une certaine manière permis l’avènement du rationalisme moderne. Même si la documentation de Blumenberg est aujourd’hui périmée, certaines de ses hypothèses semblent conserver une indéniable valeur heuristique. Que peut donc retirer le médiéviste de la lecture de cette œuvre ? Quel bilan pouvons-nous en tirer près de vingt ans après la parution du livre en France ?

L’enjeu de ces journées d’études est de penser avec Gilson et Blumenberg, et contre eux aussi au besoin, en vue d’éclairer cette zone grise entre Moyen Âge et modernité.

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