Amphithéâtre Guillaume Budé, Site Marcelin Berthelot
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Sur le plan anatomique, les humains contemporains sont apparus il y a 130 000 à 160 000 ans en Afrique et ont commencé à migrer hors d’Afrique entre 50 000 et 100 000 ans ; en Australie il y a 50 000 ans ; au Nouveau Monde il y a 13 500 ans ; en Polynésie il y a 1 500 ans. Bref en 100 000 ans, sapiens a colonisé 70 % de la planète, un exploit qui surpasse d’un facteur 10 les colonisations effectuées par les autres mammifères.

Nous sommes 6 milliards, donc le nombre d’hominiens (depuis 5 millions d’années) qui a vécu serait de l’ordre de 150 milliards d’individus. À un taux de mutation de 7 × 10–5 par gène et par personne, on devrait observer aujourd’hui une importante diversité génétique. Ce qui n’est pas le cas et suppose que nous dérivons, en fait, d’une petite population originelle (environ 10 000 individus). Si on ajoute à cette évidence le petit nombre de gènes qui est le nôtre, il est clair que les questions de régulation l’emportent sur celles de la quantité ou de la nature des gènes.

On se pose souvent la question de savoir si sapiens continue d’évoluer. La réponse la plus spontanée est non, ce qui met le poids sur l’adaptation culturelle et technique sur laquelle j’aurais aimé clore le cours de cette année. Mais en fait, l’évolution génétique continue aussi. Par exemple, la délétion de CCR5, un récepteur aux cytokines, augmente en fréquence, sans doute ou peut-être parce qu’elle entraîne une résistance au HIV. De fait, les maladies infectieuses constituent une force sélective puissante au regard de l’évolution humaine.